LE PLAFOND DE VERRE qui empêche les femmes de progresser dans leur carrière et le harcèlement moral au travail sont deux sujets évoqués de façon récurrente lorsqu’il s’agit de parler des femmes dans l’entreprise. L’auteure, en abordant la double question des rivalités féminines au travail et de leurs conséquences défavorables sur leur carrière et sur le harcèlement, ouvre en revanche le débat sur un sujet complètement tabou. Comme s’il ne pouvait exister qu’une solidarité de bon aloi entre victimes de la domination masculine !

L’auteure, professeure de psychologie sociale, explique au contraire comment les femmes ne sont pas les dernières à mettre des bâtons dans les roues de leurs collègues féminines. Se rejoue parfois en effet, au bureau ou à l’usine, l’opposition inconsciente mère-fille, héritée non de la période œdipienne mais de l’ambivalence envers la mère primitive. Il aurait été facile sur un sujet aussi glissant de se laisser aller au règlement de compte entre femmes et de réveiller la misogynie latente de notre société. L’auteure s’en garde bien. La misogynie est, pour elle, soumission aux modèles masculins dominant dans le travail ; et adopter leur stratégie n’est qu’une défense qui laisse intacte la question de la domination, de la haine et de ses soubassements. Une remise en cause du stéréotype maternel ambigu, qu’il est nécessaire de revoir pour faire avancer la cause de l’égalité entre les sexes.