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Sur le terrain

RETOUR SUR… L’adaptation aux nouveaux horaires du métro toulousain

Sur le terrain | publié le : 13.01.2015 | Catherine Sanson-Stern

Entre juin et novembre 2014, la régie des transports de l’agglomération toulousaine Tisséo a embauché et a réorganisé ses équipes pour assurer le fonctionnement du métro de Toulouse jusqu’à 3 h 00 du matin les vendredis et samedis soir. Sans satisfaire totalement les salariés, qui ont mené plusieurs grèves.

Lors de la campagne électorale qui lui a permis d’être élu maire de Toulouse en mars 2014, Jean-Luc Moudenc avait promis une extension des horaires des deux lignes de métro de 1 h à 3 h du matin les vendredis et samedis soir. Dès le mois de juin, Tisséo, la régie des transports urbains de l’agglomération toulousaine, a préparé la mise en œuvre de cette promesse. Olivier Poitrenaud, son directeur, a d’abord demandé à ses équipes d’évaluer l’impact du changement d’horaires sur les différents services. Fin juin, Fabien Cambus, ingénieur responsable du poste central de commande du métro, a été désigné chef de projet pour coordonner l’ensemble du processus, l’idée étant que ce responsable soit issu de l’exploitation pour qu’il apparaisse légitime.

La première mission de Fabien Cambus a été de construire un préprojet et un budget à présenter aux élus du SMTC (Syndicat mixte des transports en commun). Les services concernés (l’exploitation du métro – automatique –, la sûreté et le PC voyageurs) ont travaillé à l’évaluation des besoins humains et financiers. Le 11 juillet a été voté un budget prévisionnel de 700 000 euros par an. « Les politiques auraient aimé qu’on passe au nouvel horaire dès septembre, indique le chef de projet, mais c’était impossible, compte tenu des délais de consultation des instances.* »

Un groupe de pilotage de six personnes (dont le président du CHSCT, le directeur de la sécurité et le DRH) a travaillé pendant l’été sur l’organisation des différents services. « Ce projet d’entreprise est transversal, c’est un exemple de coordination et d’échange d’informations entre les équipes », souligne Cilles Souyris, le DRH. C’est d’ailleurs un sujet récurrent de tous les comités de cadres (direction, RH et exploitation).

consultations en amont

« Il est très vite apparu qu’il y avait une dimension importante d’organisation du travail, explique Fabien Cambus, avec un impact sur les finances, la communication, l’information voyageurs, les prestataires… » Dès le mois de septembre, le groupe de pilotage s’est étoffé jusqu’à douze personnes, avec un ou deux interlocuteurs par service. Et, à partir de septembre, les rencontres se sont succédé à un rythme intense (une dizaine de réunions de travail et d’instances). « Quand il y a un projet de cette ampleur, on ne se contente pas d’un envoi de document et d’un passage en CE et CHSCT, note le DRH. On fait un travail en amont avec les salariés concernés et les organisations syndicales. »

une pénibilité accrue

Pour les 90 personnes assurant l’exploitation du métro, il n’y a pas eu d’embauches, mais une modification de l’organisation du travail ; sept équipes qui travaillaient déjà 24 h/24, 365 jours par an, avec des horaires en 3x8. Les nouveaux horaires ont obligé à déplacer les formations qui se faisaient sur les nuits des vendredis et samedis à celles des mercredis et jeudis. Alors que les nuits de semaine n’étaient consacrées qu’aux travaux, il a fallu organiser la tenue de deux activités différentes en simultané ces nuits-là, mettre en place un roulement différent et positionner deux chefs de poste au lieu d’un.

« La nouvelle organisation modifie la pénibilité des nuits, reconnaît Fabien Cambus : il y a moins de temps calmes, plus de bruit dans le PC métro et de besoin de vigilance de la part des opérateurs. » Cela a suscité de grosses inquiétudes au CHSCT. « Dès la présentation en CE et en CHSCT en septembre, nous avons vu que cette ouverture allait dégrader nos conditions de travail, confirme Franck Bouard, opérateur technico-commercial métro et élu SUD au CE. Nous avons demandé à tourner avec une huitième équipe, mais nous n’avons pas été entendus. »

La problématique était différente pour les 45 salariés de la sûreté, dont le travail a été prolongé de 2 h 30 à 3 h 45. Quatre personnes ont été embauchées, l’une d’entre elles venant combler un sous-effectif antérieur. « Dans le budget initial, nous avions prévu deux personnes en plus et une en option. Après de vives discussions avec les salariés et les syndicats au CHSCT, nous sommes parvenus à trois, reconnaît Cilles Souyris. Il a fallu faire un effort pour que les nouvelles conditions de travail soient acceptées… » Le fonctionnement du PC voyageurs (qui gère la coordination des modes de transport et l’information des voyageurs) a été étendu aux nouveaux horaires à la suite du premier CE, mais sans embauche supplémentaire.

Malgré les nombreuses réunions de négociation, les syndicats se sont organisés en intersyndicale et les salariés du métro se sont mis en grève à plusieurs reprises, avant et depuis le lancement des nouveaux horaires. « Nous ne sommes pas opposés au passage à 3 h 00, mais nous avons alerté sur des questions de sécurité, sur les conditions de travail ainsi que sur des demandes de reconnaissance de statuts et de coefficients », explique Franck Bouard. Sans succès pour l’instant. « Le passage à 3 h 00 du matin induit une pénibilité différente, et nous devons mener des travaux sur l’adaptation de la charge de travail, concède Fabien Cambus. Mais les syndicats ont pris ce prétexte pour relancer des sujets latents comme des revendications salariales et de repos. » Il n’y avait pas eu de grève dans le métro depuis 2009.

* Deux consultations du CE et du CHSCT sont obligatoires (l’une pour information, l’autre pour le vote), avec envoi des documents au CE un mois avant la première réunion.

Auteur

  • Catherine Sanson-Stern