Plus qu’un art ou une technique, le management semble devenu une antienne de l’idéologie gestionnaire, qui prétend sans cesse optimiser les moyens de sa performance. Paradoxalement pourtant, selon l’auteur, sociologue, et déjà à l’origine de Lost in management (Seuil, 2011), peu de changements ont affecté le monde du management depuis Taylor. Ou plutôt, si les modes ont changé – donnant lieu à des méthodes prétendument révolutionnaires –, au fond, ces méthodes soi-disant nouvelles ne sont en fait que du taylorisme recyclé et recouvert d’un vernis humaniste, qui exprime le contraire de la réalité vécue par les salariés.

Selon l’auteur, la faute originelle du management est d’être une pensée paresseuse, qui se contente le plus souvent d’appliquer des recettes réputées de bon sens en faisant l’économie de l’analyse des problèmes. Ce second volume dénonce les erreurs de fond de la pensée managériale, dont une permanente confusion des concepts, la méconnaissance de la nature du pouvoir et, surtout, un dramatique manque de culture. D’où une multiplication de décisions simplistes imposées à grand renfort de règles et de procédures qui n’ont souvent pas d’effets ou des effets contraires à ceux escomptés. Pour le plus grand profit des cabinets de conseil et des business schools, qui pourront vendre d’autres méthodes et former de nouvelles cohortes de managers. Alors que les conditions de travail et d’efficacité continuent de se dégrader, les sciences sociales, qui pourraient éclairer la lanterne des décideurs, sont systématiquement ignorées : trop compliquées et peu commerciales sans doute.