logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

L’enquête

FONJEP : UNE AIDE À LA RÉDUCTION DU TEMPS PARTIEL SUBI

L’enquête | publié le : 06.01.2015 | VIOLETTE QUEUNIET

Près de 100 associations bénéficient pendant deux ans d’une aide du Fonjep pour augmenter le temps de travail de certains de leurs salariés. À la clé : des perspectives de développement pour les associations.

Parce qu’elles ont des moyens financiers limités, beaucoup d’associations proposent des contrats à temps partiel. C’est particulièrement vrai dans le secteur de la jeunesse et de l’éducation populaire, qui représente près de 680 000 emplois, mais seulement 330 000 ETP. Conséquence : un fort turnover, qui peut constituer un frein au développement de l’association.

Fort de ce constat, le Fonjep (Fonds de coopération de la jeunesse et de l’éducation populaire) a lancé il y a un an un appel à projets pour aider ses associations adhérentes à lutter contre le temps partiel subi (TPS): 100 bourses de 3 000 euros par an sur deux ans sont accordées sur fonds propres aux associations proposant à des salariés d’augmenter leur temps de travail. Parmi les critères de sélection : le salarié doit occuper un poste en face à face avec le public et être au moins à mi-temps. « Notre public cible, ce sont les animateurs du périscolaire, qui font autour de 26 heures par semaine et qui, avec l’aide, passent à 31 heures. Cela leur permet d’augmenter leur salaire de 15 %: or, 100 à 150 euros de plus par mois, sur un petit salaire, cela permet de sortir des trappes à pauvreté », estime Yann Lasnier, président du Fonjep.

DÉPART EN FORMATION

Début décembre, 83 bourses avaient été distribuées, pour près de 200 dossiers reçus. Les premiers retours sont positifs. Parmi les effets induits : beaucoup de départs en formation. C’est par exemple le cas de Christel Gennesseaux-Brillet, animatrice au centre socioculturel La Comberie (Vienne), passée depuis le 1er avril de 23,34 à 29 heures, qui a démarré en septembre une formation en VAE au diplôme d’éducatrice de jeunes enfants : « Au bout de quatorze ans au même poste, j’avais besoin de nouvelles motivations », témoigne-t-elle dans un dossier réalisé par le Fonjep en juin dernier. Soucieuses de trouver, au-delà de l’aide TPS, de nouvelles rentrées d’argent permettant de pérenniser l’augmentation du temps de travail, les associations misent en effet sur la montée en compétences. L’association Planète Sciences Méditerranée, basée à Grasse (Alpes-Maritimes), a ainsi fait bénéficier une animatrice scientifique, passée de 70 % à un plein-temps, d’un stage de prise de parole en public et d’une formation de montage de dossiers pour répondre à des appels d’offres. « Aujourd’hui, sous la responsabilité de la directrice de l’antenne du Var, elle commence à faire ses premiers dossiers. Cela va permettre de développer notre activité dans ce département », souligne François Badoche, directeur adjoint de cette association de 19 salariés spécialisée dans l’éducation aux sciences et technologies.

À l’association Les Petits Débrouillards, présente en Bretagne, en Pays de la Loire et en Normandie, l’avenir du poste a pesé sur le choix du salarié : « Deux salariés étaient éligibles à l’aide TPS. Le choix s’est fait sur la motivation mais aussi sur les possibilités de pérenniser le plein-temps. Nous avons sélectionné le poste qui était le plus facile à maintenir, sur le bassin de Lorient », explique Haud Le Guen, directrice de cette association spécialisée dans les activités de loisirs scientifiques (Fred et Jamy, animateurs de l’émission TV “C’est pas sorcier”, y ont été formés).

PÉRENNISATION DU POSTE

Sans être un critère absolu, la pérennisation du poste dans sa nouvelle durée a d’ailleurs compté dans le choix des dossiers par le Fonjep : « Il ne s’agit pas de mettre les associations en péril. Nous avons donc apprécié, dans le dossier, ce que l’association allait mettre en œuvre pour trouver des financements après la fin de l’aide TPS », reconnaît Yann Lasnier.

L’aide, somme toute modeste, a surtout un effet levier : « C’est un coup de pouce pour permettre à un salarié de consacrer plus de temps à l’association. Mais l’aide ne couvre pas, loin de là, les charges salariales. Dans notre cas, nous avons 7 400 euros supplémentaires par an à trouver pour financer le passage à temps complet », indique Haud Le Guen. Présenté comme une “expérimentation”, le dispositif TPS fera l’objet d’une évaluation (confiée à des consultants externes) en juin 2015. Si elle est positive, le président du Fonjep espère bien qu’elle inspirera l’État et les collectivités : « Il pourrait y avoir une vraie politique publique pour fabriquer du temps de travail digne. »

Auteur

  • VIOLETTE QUEUNIET