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Chronique

DU CÔTÉ DE LA RECHERCHE

Chronique | publié le : 06.01.2015 | DENIS MONNEUSE

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DU CÔTÉ DE LA RECHERCHE

Crédit photo DENIS MONNEUSE

COMMENT faire de l’éthique UN TIC ?

En ce début d’année, quelle résolution prendre ? Celle de se comporter de façon parfaitement éthique au travail par exemple. Seulement, il y a de fortes chances que, comme toutes les résolutions de janvier (arrêter de fumer, faire du sport, tolérer sa belle-mère…), vous ne la tiendrez pas longtemps. Pourquoi ?

Pour le comprendre, il faut se souvenir de la fable de la grenouille et de la marmite. Plongée dans l’eau bouillante, une grenouille sautera de suite hors de la marmite. En revanche, si l’on fait progressivement monter la température, elle s’habituera à celle-ci, se sentira même à son aise… jusqu’à ce que la chaleur ait raison d’elle.

Il en va de même pour les comportements non éthiques : peu d’entre nous sautent le pas devant une occasion de commettre un délit important. En revanche, il peut être tentant de s’adonner à un léger écart à la règle, puis de faire un second pas de côté et ainsi de suite. Ce qui faisait dire à l’écrivain irlandais Clive Lewis : « La route la plus sûre pour l’enfer est la route progressive – la pente légère, douce sous les pieds, sans virages brusques, sans bornes kilométriques, sans panneaux de signalisation. »

Les travaux de Francesca Gino et David Welsh, respectivement professeurs de management à Harvard et à l’université de Washington, confirment cette intuition ainsi que le proverbe « qui vole un œuf, vole un bœuf ». En effet, leurs travaux montrent que les êtres humains en général, et les salariés en particulier, ont par exemple tendance à tricher un petit peu, tout en se trouvant des excuses ou des circonstances atténuantes, puis à tricher un peu plus en rationalisant à nouveau leur inconduite, etc.

Progressivement, nous pouvons subrepticement être amenés à adopter des comportements qui nous auraient semblé immoraux auparavant et que l’on n’aurait jamais pu imaginer tenir un jour. En guise d’illustration, certains de vos collègues – mais pas vous – s’habituent peut-être à exagérer chaque semaine un peu plus leurs notes de frais jusqu’à ne plus se rendre compte qu’ils les bidonnent.

Par conséquent, les comportements contraires à l’éthique ne sont pas seulement l’œuvre de vilains petits canards qu’il faudrait chasser hors de l’entreprise. Ils sont souvent le fruit de personnes, comme vous et moi, qui se considèrent honnêtes, mais qui résistent de moins en moins aux tentations. Et, tant qu’elles ne se font pas prendre la main dans le sac, elles continuent tout en gardant bonne conscience.

Du côté des employeurs, que faire pour éviter ces dérives ? Les auteurs cités recommandent dans la Harvard Business Review de mettre en place des « nudges », c’est-à-dire des incitations douces à rester dans le droit chemin. Cela passe notamment par des slogans et des rappels réguliers des règles, sous forme d’affiches notamment. Pour prendre un exemple, le simple fait de rappeler en haut (et non en bas) d’un document autodéclaratif de frais kilométriques qu’il s’agit d’une déclaration sur l’honneur entraîne moins de fraude : on triche rarement juste après le rappel des règles, alors que le rappel des règles incite peu à revenir sur un mensonge préalable.

Bref, marteler les règles de bonne conduite empêche les salariés de trouver trop facilement des excuses à leurs écarts. Et vous, quand avez-vous vous grugé votre employeur pour la dernière fois ?

Auteur

  • DENIS MONNEUSE