Le conseil général de l’Essonne utilise le CV anonyme pour ses recrutements depuis le début de l’année. Afin de vérifier si cette méthode est efficace pour lutter contre les discriminations à l’embauche, la collectivité a chargé l’Observatoire des discriminations dirigé par Jean-François Amadieu, de comparer le traitement des candidatures avant et après anonymisation. Les premières ont été reçues au premier semestre 2012 et les secondes au premier semestre 2014 – il y en a eu un peu plus de 2000. Pour chacune des deux périodes, l’observatoire a comparé le taux de convocation à un entretien et le taux d’embauche de candidats dont le prénom indique une origine géographique turque, africaine ou maghrébine d’une part, européenne de l’autre.

Résultat : le CV anonyme est relativement efficace. En 2014, par rapport à 2012, les candidats au prénom discriminable ont vu leur taux moyen (sans tenir compte des caractéristiques des candidats) d’accès à un entretien progresser de 32 % et leurs chances d’être recrutés de 36 %.

Si l’effet du CV anonyme apparaît clairement, il reste néanmoins un écart de traitement important entre les deux panels de candidats. Selon l’observatoire, celui-ci s’explique « largement » par le fait que les candidats extra-européens ont un niveau de diplôme plus modeste, qu’ils sont plus souvent extérieurs au conseil général et plus souvent sans emploi que déjà fonctionnaires.

La publication de cette étude intervient alors que le gouvernement doit se prononcer sur la généralisation du CV anonyme. Un groupe de travail doit rendre ses préconisations début mars.