logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

La chronique

MERYEM LE SAGET CONSEIL EN ENTREPRISE

La chronique | publié le : 23.12.2014 |

Image

MERYEM LE SAGET CONSEIL EN ENTREPRISE

Crédit photo

Lâcher prise

Pour mener à bien le changement,

on entend souvent dire qu’il faut lâcher prise. Pour la plupart des personnes, ce discours est difficile à comprendre. On a été formé pendant des années à gérer, atteindre des objectifs, suivre des résultats, et maintenant il faudrait tout lâcher ? Commençons par clarifier ce dont on parle, car il existe de nombreuses formes de lâcher prise.

Connaissance.

Le premier lâcher prise est tout simplement d’accepter de ne pas tout savoir. L’école nous a appris à être de bons élèves et à produire la bonne réponse. Mais le monde a changé, la visibilité est rare, la réalité est plurielle. Les métiers d’expertise et d’enseignement sont particulièrement mis au défi. Lâcher sa posture de sachant n’est pas simple, mais indispensable si l’on ne veut pas devenir rigide ou suffisant. Le sachant d’aujourd’hui sait qu’il ne sait pas, reconnaît que les autres possèdent aussi une part de vérité, et accepte humblement d’apprendre sans cesse.

Pouvoir.

On ne peut plus tout maîtriser, tout contrôler, des milliers de choses nous échappent, ne serait-ce que par manque de temps. De plus, malgré nos efforts, le monde n’avance pas toujours dans la direction souhaitée et les personnes ne font pas ce que l’on attend d’elles. Avouez que c’est contrariant ! Avez-vous remarqué qu’à notre époque, où l’on se sent particulièrement impuissant, nos fantasmes de super-héros aux super-pouvoirs ressortent sous toutes les formes ? Comme une compensation instinctive. Mais, au lieu de rêver de toute-puissance, essayons plutôt d’écouter, de déléguer, de laisser les autres prendre des responsabilités. Osons la collaboration, tentons des approches nouvelles.

Manque de confiance.

On pense fréquemment que ceux qui ne délèguent pas ne croient qu’en eux-mêmes. C’est bien sûr ce qu’ils veulent nous faire penser, mais en fait, ce n’est pas vrai. Quelqu’un qui n’arrive pas à faire confiance aux autres est quelqu’un qui doute de lui-même. À cause du manque d’assurance qui l’habite, il a mis en place des systèmes de sécurité très efficaces pour lui : le perfectionnisme, l’hyperexigence envers autrui, ou encore l’habitude de ne construire son action qu’à partir de lui-même. À l’inverse, plus on a confiance en soi, plus on est en mesure de s’ouvrir aux autres et de leur faire crédit. Relâcher un peu son système de défense, c’est comme choisir la vie plutôt que la crispation. Le nageur qui apprend à faire la planche fait ce genre d’expérience. Ou bien il veut contrôler et il coule, ou bien il fait confiance et peut flotter à la surface en toute sérénité.

Regard sur le monde.

C’est le domaine le plus délicat. On a tous une certaine façon de voir, une logique habituelle, une « paire de lunettes » qui nous est propre. Accepte-t-on de voir autrement et de s’ouvrir à d’autres raisonnements sans les juger immédiatement ? Sait-on s’intéresser à celui qui voit le monde différemment ? Arrive-t-on à l’écouter sans lui couper la parole et sans vouloir déjà corriger son propos ? Le lâcher prise ici consiste à s’étonner, à rester curieux, à accepter d’apprendre de son voisin, de ses collègues, des jeunes, des seniors.

Remettre en question ses croyances et accepter de challenger ses convictions afin de les mettre à jour est un grand signe de souplesse intellectuelle et de maturité émotionnelle. Le lâcher prise, finalement, est une histoire d’ouverture et de confiance.

Reconnaissons-le, nous avons tous un petit défi sur ce sujet.