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DU CÔTÉ DE LA RECHERCHE

Chronique | publié le : 23.12.2014 | DENIS MONNEUSE

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DU CÔTÉ DE LA RECHERCHE

Crédit photo DENIS MONNEUSE

Quel cadeau faire à son manager pour Noël ?

En cette période de Noël, quel cadeau offrir à son responsable RH et à son manager préféré ? Un mouchoir pour pleurer sur leur faible prime annuelle ou bien une semaine au ski pour qu’ils reviennent frais et dispos en janvier, pourquoi pas ? Mais il y a mieux : un journal intime !

Manfred Kets de Vries, chercheur en psychologie à l’Insead, rappelle dans la Harvard Business Review la dimension thérapeutique de l’écriture. C’est pourquoi il demande aux dirigeants en formation continue de coucher sur papier une expérience difficile qu’ils ont dû affronter dans le cadre de leur vie professionnelle. Les leaders racontent alors souvent les bienfaits apportés par cet exercice : l’effet cathartique joue à plein.

Sans aller jusqu’à prétendre qu’une feuille et un stylo devraient se substituer au coaching, il n’est pas étonnant que l’évocation – ne serait-ce que silencieuse – d’expériences douloureuses soit positive. La psychanalyse et, plus largement, la psychologie ont montré depuis longtemps que la prise de parole, écrite ou orale, est libératrice, à condition qu’elle ne s’apparente pas à une forme de ressassement.

C’est d’ailleurs dans cette optique que, depuis la « vague de suicides » de France Télécom, la plupart des grandes entreprises ont mis en place des numéros verts : leurs salariés peuvent ainsi contacter un psychologue de manière anonyme et gratuite, généralement 24 heures sur 24. Ces hotlines sont pourtant extrêmement peu utilisées. Certains y verront la preuve que tout va très bien, Madame la Marquise ; d’autres que ce dispositif ne convient guère à la culture française.

La solution du journal intime convient sûrement mieux aux responsables RH et aux managers, qui se sentiraient trop honteux de s’abaisser à téléphoner à un psy pour confier leurs difficultés. Le simple fait d’écrire pousse à mettre des mots sur son ressenti, mais aussi à l’interpréter et à lui donner du sens, ce qui occasionne une prise de recul. Par conséquent, il devient plus facile de digérer ses erreurs, ses doutes, son sentiment d’impuissance, etc.

Saint Ignace de Loyola, à l’origine de la « relecture ignacienne », conseillerait sans doute lui aussi au personnel d’encadrement de prendre le temps, chaque soir, de passer en revue leur journée avant de quitter leur bureau, afin de gagner en sérénité et en sagesse. Toutefois, en cas d’événement traumatique, il est préférable d’attendre un ou deux mois avant de les relater par écrit, affirme James Pennebaker, de l’université du Texas. Ce psychologue constate chez ceux qui couchent par écrit leurs difficultés au travail une diminution du stress et une meilleure protection contre les symptômes d’usure professionnelle.

La dernière question qui se pose est de savoir ce qu’écrira Arnaud Montebourg, qui vient d’entamer une formation à l’Insead, lorsqu’il s’adonnera à l’exercice proposé par Manfred Kets de Vries. Après les écrits de Valérie Trierweiller et de Cécile Duflot, François Hollande doit-il s’attendre à un nouveau livre tenant lieu de moyen de défoulement de la part de son ancien ministre de l’Économie ?

Le simple fait d’écrire pousse à mettre des mots sur son ressenti, mais aussi à l’interpréter et à lui donner du sens.

Auteur

  • DENIS MONNEUSE