Apporter une réponse « directe, concrète et positive » pour rapprocher les jeunes handicapés en études supérieures et les recruteurs soucieux de remplir leurs obligations d’emploi : depuis sa création en 1992 par quatre entreprises (Total, Rhône-Poulenc, IBM et Elf), la mission de Tremplin Études, Handicap, Entreprises n’a rien perdu de son actualité, tant le vivier étudiant reste faible.

« Sur les 2,4 millions de jeunes scolarisés dans le supérieur, 16 000 sont en situation de handicap », souligne Christian Grapin, le directeur de l’association. Et, plus les années post bac augmentent, plus l’effet statistique leur est défavorable : « À bac + 5, c’est carrément le goulot d’étranglement », témoigne ce RRH d’une entreprise adhérente. « Le jeune qui entre sur le marché du travail avec un haut niveau de qualification n’a aucune difficulté pour trouver son premier job. » Affaire de motivation et de qualité de réseau social. Tremplin Handicap agit sur ces deux tableaux.

Dès l’entrée au lycée, la petite structure francilienne encourage le jeune handicapé qui se fait connaître auprès d’elle à pousser ses études au-delà du bac. Devenu étudiant, il bénéficie de l’action des chargés de mission de Tremplin, qui présentent son CV aux réunions mensuelles que l’association anime pour son réseau de 217 entreprises adhérentes (ticket d’entrée : 2 000 euros par an). Elles reçoivent ensuite, par e-mail, une sélection de profils susceptibles de les intéresser. Leurs référents handicap n’ont qu’à décrocher leur téléphone. La prise de contact recouvre différents objectifs : proposer au jeune un échange informel sur la découverte d’un métier, une mise en situation en entreprise, sinon un stage, un job d’été, un contrat d’alternance… « Nous accompagnons les jeunes jusqu’à leur entrée dans la vie active, assure Christian Grapin. Celui qui entre à Tremplin avec le bac a de grandes chances, statistiquement, d’en sortir à bac + 3. » Avec son équipe de sept salariés, il revendique le suivi de 500 jeunes, pour un millier d’actions contribuant à l’insertion. Les forums en font partie.

Trois fois par an, une entreprise du réseau ouvre ses portes à une vingtaine d’employeurs et à 30 candidats, présélectionnés suivant le thème du moment. En juillet dernier, Natixis Asset Management (3,3 % de taux d’emploi TH, en 2013) avait accueilli une journée “alternance” où s’étaient déplacées d’autres entreprises du quartier de La Défense (92). Le forum du 14 octobre a été dédié aux recrutements en CDD ou en CDI. Le matin, chaque jeune rencontre sept recruteurs sur le mode du speed dating. Pas de surprise, les entretiens ont été planifiés pour rendre les binômes compatibles. L’après-midi, les rencontres individuelles sont libres : les jeunes rencontrent alors les entreprises non prévues dans leur programme.

Au dernier forum qui s’est tenu dans son entreprise, Olivia Dorgler-Oules, la référente handicap de Natixis Asset Management, a sélectionné un étudiant en BTS assistant de manager. Elle juge la formule du forum convaincante : « J’ai pu détecter une personne qui correspondait à nos besoins. Je l’ai présentée le jour-même au manager qui m’avait demandé de lui faire rencontrer des candidats. » Le jeune est reparti avec une offre de contrat en alternance.

À 25 ans, Michaël a connu ces rencontres où l’on apprend à apprivoiser le trac du débutant. Il ne tarit pas d’éloges sur cette structure qui lui a permis d’enchaîner les stages et CDD dans plusieurs grandes entreprises, à chaque fois sur des missions RH liées au handicap. « Tremplin m’a accompagné du bac pro jusqu’à mon master 2 de gestion. Les conseils que j’ai reçus ont toujours été de qualité. Au plan psychologique, c’est important. » Il raconte comment lui est venue l’intention d’obtenir la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH): « Trop de jeunes refusent de la demander pour ne pas se sentir stigmatisés. Or ce document est crucial pour l’insertion. »

En attendant son CDI, il a rejoint le groupe des alumni que vient de constituer l’association. Tremplin souhaite rebondir en région et se faire connaître des PME. L’appui de ses anciens protégés lui sera utile.