Chutes, douleurs liées au transport de charges lourdes, agressions canines, accidents de la circulation : les risques qui guettent les distributeurs d’imprimés en boîte aux lettres sont nombreux. C’est pourquoi Mediapost prend leur prévention très au sérieux. Depuis 2007, cette filiale de La Poste a mis en place de nombreuses actions : recensement des risques, formations et labellisation des sites. Des mesures efficaces puisque les accidents du travail chez ses 10 000 distributeurs(1) sont passés de 3 000 par an à 2000 entre 2007 et 2013, avec une baisse de plus de 10 % des jours d’arrêts entre 2012 et 2013.

« Le document unique d’évaluation des risques (DUER) est la base de notre politique de prévention, explique Guillaume Couture, responsable qualité et santé au travail. D’un seul DUER national en 2002, nous sommes passés à un par site à partir de 2007. » L’appropriation de cette culture de santé au travail entre 2007 et 2009 s’est faite par la formation des responsables aux risques et à leur évaluation ; 250 personnes (managers de site, managers de proximité et comité exécutif) ont bénéficié, par groupe de 5 à 7, d’une journée de sensibilisation aux questions juridiques, au coût financier et humain des accidents du travail et au traitement des risques. Les responsables de site ont aussi reçu une formation plus pratique sur la façon d’analyser et de coter ces risques.

« Le DUER est le reflet de ce qui se passe sur la plate-forme, confirme Lysiane Fillieux élue CGT du CHSCT Centre-Est. Tous les secteurs y sont répertoriés : bureaux, mécanisation, assemblage, magasinage et distribution. Quand un membre du CHSCT passe sur une plate-forme, il consulte le DUER pour vérifier si le responsable fait ce qu’il faut. »

Entre 2009 et 2011, Mediapost a déployé un logiciel de gestion du DUER développé spécifiquement : « Je voulais que notre DUER soit pratico-pratique et ludique, pour que les responsables de site s’y intéressent de manière volontaire », raconte le responsable. Cela semble fonctionner, puisque 15 000 lignes ont été remplies sur le logiciel, ce qui correspond à 15 000 actions de prévention mises en place.

De très nombreuses formations adaptées au public de distributeurs (souvent âgés et peu diplômés) visent à prévenir les principaux risques d’accidents. L’accueil sécurité des nouveaux propose en deux heures une “chasse aux risques” et un film sur la psychologie canine. Puis des modules de prévention de deux heures à une demi-journée abordent les gestes et postures de manutention manuelle (88 % des distributeurs formés), les chutes, le risque routier et les agressions. Six mille distributeurs, déjà mordus ou ayant peur des chiens, ont pu suivre une formation en situation avec un maître-chien.

Pour reconnaître le travail effectué par les managers, des certifications ont été mises en place en 2013. « Les certifications – sacoches argent et or – sont le dernier maillon de notre politique de prévention santé au travail », affirme Guillaume Couture. Le niveau argent vérifie que les basiques réglementaires et sécuritaires sont en place, tandis que l’or valide qu’ils ont été transmis à l’ensemble des salariés afin qu’ils s’autoprotègent. Sur 289 sites, 240 ont reçu la sacoche d’argent et 33 la sacoche d’or.

L’entreprise a signé un accord sur les risques psychosociaux en 2011 avec une première sensibilisation des managers, même si le directeur santé au travail reconnaît : « Nous ne sommes pas encore mûrs à 100 % sur les RPS. » Du côté des syndicats, on s’inquiète de Distrio, un boîtier d’enregistrement du temps de travail réel des distributeurs, qui viendrait remplacer à partir de 2015 la préquantification du travail. « Il ne faudrait pas que ce nouvel outil vienne ajouter du stress, donc des RPS », prévient la déléguée CGT.