Obligée par sa taille (765 salariés) de signer un accord contrat de génération, ce qu’elle a fait il y a un an, Sigvaris France ne présentait pas le profil “idéal” pour ce dispositif au regard de sa pyramide des âges. « Nous n’enregistrons qu’une dizaine de départs à la retraite par an et ce rythme n’est pas prêt d’augmenter : l’âge moyen se situe aux alentours de 40 ans, conséquence d’une importante vague de recrutements en 2007-2008 », décrit le DRH Bernard Pons. Donc, pas vraiment d’enjeu de conservation d’un savoir-faire risquant de s’en aller avec les seniors. Et encore moins d’enjeu de suppression d’emplois par le non-remplacement de départs dans cette entreprise familiale rhônalpine de textile médical, en croissance d’effectifs. C’est dans la formation que Sigvaris a trouvé la valeur ajoutée : « Nous avons saisi l’occasion du contrat de génération pour mieux organiser le parcours de formation interne, afin d’améliorer l’employabilité de nos collaborateurs, entrants ou déjà en poste », expose le DRH.

Un premier volet a concerné les tuteurs. Sigvaris leur a construit un parcours de 21 heures inscrites dans son plan pour un montant de 24 000 euros. La maîtrise technique du candidat ne faisant pas de doute, le cursus confié à l’organisme Drop Conseil met l’accent sur sa capacité à transmettre les compétences : aisance dans l’explication d’un process, dans la description de gestes, etc. Il débouche sur un “certificat” interne valable trois ans, délivré après un examen qui simule une situation de tutorat devant un jury d’experts techniques et RH externes et internes. Trente-cinq tuteurs ont déjà bénéficié de la formation, et dix-neuf ont décroché leur habilitation en septembre dernier lors d’une première session d’examen conclue par un 100 % de réussite. Corollaire de la pyramide des âges, plusieurs d’entre eux n’ont que quelques années d’ancienneté. Forte de ce premier bilan, la démarche devrait s’étendre à d’autres fonctions de l’entreprise, comme, par exemple, le centre d’appels en Alsace.

Le contrat de génération a aussi servi d’aiguillon pour revaloriser la politique d’alternance : « Nous avons consolidé nos partenariats avec des écoles d’ingénierie textile – Ista de Mulhouse, Ensait de Roubaix… – et des lycées – Holtzer à Firminy dans la Loire – pour les recrutements de bac pro à master 2, en contrats de professionnalisation ou d’apprentissage de deux ou trois ans », indique Bernard Pons. Sigvaris a recruté 25 étudiants alternants en septembre dernier, répartis dans la quasi-totalité de ses services : industriels, commerciaux, innovation, support. Le mouvement se poursuivra à la rentrée 2015. Dans son accord génération, l’entreprise s’engage à proposer un CDI à au moins 20 % des étudiants formés en alternance.

Entre les jeunes recrues et les tuteurs, les salariés en poste n’ont pas été oubliés. « Compte tenu du peu d’offres académiques dans nos métiers, nous nous appuyons sur les CQP de la branche textile aux coûts pédagogiques cofinancés par Opcalia. Nous les renforçons par des formations internes spécifiques, par exemple deux cursus de finition de collants et de confection textile, suivis respectivement par 15 et 14 personnes actuellement », souligne le DRH.