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Sur le terrain

AUTRICHE : PACTE À AUSTRIAN AIRLINES POUR ÉVITER LE CRASH

Sur le terrain | International | publié le : 09.12.2014 | Luc ANDRÉ

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AUTRICHE : PACTE À AUSTRIAN AIRLINES POUR ÉVITER LE CRASH

Crédit photo Luc ANDRÉ

Après avoir fait invalider leur transfert dans une compagnie low-cost, pilotes et navigants de la compagnie aérienne autrichienne ont, comme leurs confrères d’Air France, enterré la hache de guerre.

Alors que les pilotes d’Air France viennent d’accepter des détachements à Transavia, leurs confrères autrichiens ont, eux, renégocié leur contrat. Avec des rémunérations pouvant atteindre 180 000 euros brut annuels après dix-sept années de carrière, les pilotes d’Austrian Airlines (AUA) ont longtemps fait partie des mieux payés en Europe. Las, la concurrence a malmené le transporteur autrichien ces dernières années.

Filiale de Lufthansa depuis 2009, AUA s’est résolu à trancher dans le vif il y a deux ans face à une accumulation d’exercices déficitaires. Après l’échec d’un accord prévoyant un recul des salaires jusqu’à 30 %, la direction d’AUA a transféré unilatéralement l’ensemble de son personnel navigant dans sa filiale régionale Tyrolean. Plus de 300 salariés (10 % des effectifs des cabines et cockpits) ont claqué la porte, remplacés seulement partiellement chez les pilotes. « Ce transfert était une manœuvre pour gagner du temps et faire pression sur le comité d’entreprise », selon Conrad Pramböck, expert en RH.

Au terme d’une saga de deux ans, la Cour européenne de justice a en effet donné raison aux salariés en septembre : la compagnie ne pouvait pas résilier ainsi l’accord d’entreprise et diminuer de facto les salaires des pilotes et personnels de cabine. Mais c’est une victoire à la Pyrrhus pour les salariés : le transporteur alpin, tout juste revenu à l’équilibre avec son drastique plan de rigueur (25 millions de résultat opérationnel en 2013), n’est pas en mesure d’absorber cette défaite judiciaire, estimée à plus de 100 millions d’euros. Alors, retrouvant les bonnes manières du partenariat social autrichien, direction et représentants du personnel se sont rassis à la table des négociations.

Perte de rémunération

Selon les termes du texte entré en vigueur cette semaine, les commandants de bord abandonnent jusqu’à 25 % de leur rémunération. De retour sous la bannière AUA, ils toucheront au mieux environ 140 000 euros par an. Et le rythme de progression dans la grille de salaires a été considérablement ralenti. Sur les lignes régionales, souvent déficitaires, on descend même en dessous du tarif Tyrolean. « Nous devions accompagner la restructuration », explique Wolfgang Schlair, vice-président du comité d’entreprise d’AUA. « Ce n’est jamais réjouissant quand le nouvel accord d’entreprise est moins bon que le précédent, mais tout le monde connaissait les enjeux. »

Le personnel navigant d’AUA a également passé par pertes et profits une partie du rattrapage de salaires et de cotisations sociales dues pour les deux années passées. En échange, les salariés vont voir leur argent plus tôt, car une contestation en justice aurait pris des mois ou des années, un argument pour ceux proches de la retraite. Voire pour tous, selon Conrad Pramböck : « Si la société fait faillite pendant la procédure, les salariés n’auront rien. »

En échange de ces importants efforts, les syndicalistes ont obtenu aussi une garantie : les compagnies qui tomberont dans le giron d’AUA à l’avenir devront s’aligner sur cette convention collective. Les pilotes d’Air France, dans leur lutte acharnée pour contrer le développement de la filiale Transavia, ont obtenu une disposition similaire.

effet sur la concurrence

Les discussions à AUA ont eu un impact sur toute la branche en Autriche. Le principal concurrent, Niki, dirigé par l’ancien pilote de formule 1 Niki Lauda, s’est doté, pour la première fois, d’une convention collective. Les trois quarts de ses collaborateurs étaient jusque-là employés par une société d’intérim. Les conditions demeurent néanmoins moins généreuses qu’au sein de l’ancienne compagnie nationale, même une fois la ceinture serrée. Sur cette base, les syndicats veulent tenter de négocier un accord de branche.

DANS LES MÉDIAS

KURIER Coup de frein sur les salaires des managers

Habitués ces dernières années à des augmentations de 7 %, avec bonus, les dirigeants autrichiens devront se contenter de la moitié cette année. En raison de la taille modeste des entreprises dans la petite république alpine, les salaires des managers au niveau de la moyenne internationale restent l’exception. Le dirigeant d’une société avec 200 ou 300 collaborateurs touche environ 184 000 euros. 28 novembre 2014, Kurier, presse généraliste. 200 000 exemplaires.

FORMAT Quota de femmes dans les conseils d’administration : l’Autriche à la traîne

12 %: c’est le taux de féminisation des conseils d’administration des sociétés autrichiennes cotées en bourse. Alors que l’Allemagne vient de valider un quota contraignant de 30 %, la ministre autrichienne des Femmes, Gabriela Heinisch-Hosek, exhorte le secteur privé à faire un effort, sous peine de légiférer. Un quota de 35 % existe déjà pour les sociétés à capitaux publics, et il est atteint. 26 novembre 2015, Format, magazine économique. 50 000 exemplaires.

Auteur

  • Luc ANDRÉ