Comment organiser la communication interne sur l’innovation pour 1 300 personnes réparties dans le monde entier ? C’est le rôle du réseau What If, au sein du groupe Seb (25 000 salariés) qui, depuis deux ans, réunit les membres de la communauté innovation issus des directions marketing stratégique, design, recherche & développement des trois business units du groupe, ainsi que des pôles innovation énergie, matériaux et systèmes intelligents. Objectifs : en faciliter la communication interne entre tous les experts métiers ; développer la fertilisation croisée des expérimentations, avis et connaissances ; mutualiser les résultats de veille ; optimiser l’entraide et renforcer l’efficacité opérationnelle des équipes, notamment celles réparties sur plusieurs pays.

Concrètement, l’outil est une base de gestion électronique de documents, constituée des logiciels SharePoint de Microsoft et Social Factor de Calinda Software. Ce dernier apporte « une couche conversationnelle et communautaire importante et nécessaire », selon Charlotte Wieder, innovation community manager au sein de la direction générale innovation du groupe, qui pilote la mise en place de cet outil lancé depuis deux ans.

Sur ce réseau interne, chacun des 1 300 experts (définis par leur appartenance au processus d’innovation, avant l’intervention des étapes de production et de commercialisation) peut compléter son profil, s’abonner à une ou plusieurs communautés et poster des informations ou des questions sur les sujets qu’il suit. Une quinzaine de sujets sont particulièrement actifs et nourris ; autour d’eux se sont créées des communautés spécifiques. La logique de volontariat prévaut. Une charte d’usage a été écrite, et chacun poste sous son nom.

L’usage de What If étant réservé aux experts, le groupe Seb porte une grande attention à la sécurisation de son accès. C’est ainsi que ses membres ne peuvent le consulter que depuis leur PC de bureau ou via des ordinateurs dûment accrédités par la DSI. Un système de passerelle via l’e-mail est cependant mis en place, mais seulement par le système de messagerie du groupe.

Étant un outil de brassage d’idées, What If ne s’est pas vu affublé d’objectifs quantitatifs de réalisation. « L’important est d’avoir des contributions à forte valeur ajoutée, un taux de participation important, et un outil qui motive les interventions de chacun en présentant les intérêts et les success stories nées de l’outil, résume Charlotte Wieder. Mais nous ne sommes pas dans une logique de ROI direct, ça n’aurait pas de sens. Des enquêtes de satisfaction sont organisées auprès des membres des communautés sur la qualité de la veille, la rapidité des réponses à leurs questions… » Exemples des intérêts de What If : réduire le risque d’erreurs lié au travail sur de mauvaises versions de documents ; trouver facilement un expert, trouver en 24 heures le meilleur logiciel pour modéliser une interface produit, etc.

Pas de système de contrôle, mais une relance pour parfois réamorcer les échanges, et 25 community managers spécifiquement formés depuis 2014 à animer leur communauté. « Ce qui permet de redéfinir les objectifs, les bénéfices, les usages créateurs de valeur, un plan d’animation et de communication… », explique Charlotte Wieder. Les 20 meilleurs contributeurs ont été récompensés symboliquement lors du dernier forum innovation, mais c’est « la motivation intrinsèque à participer à l’échange qui est le vrai moteur », ajoute-t-elle. Et, pour attirer ceux qui n’auraient pas le temps de contribuer, une news-letter mensuelle en format PDF, un digest des échanges sur What If et des portraits vidéos de contributeurs leur sont proposés par la coordinatrice de la communauté innovation.

Avant de mettre au point What If, le groupe Seb a organisé ce type d’échanges pendant dix ans par l’intermédiaire de réunions physiques, de forums technologiques de deux ou trois jours. Aujourd’hui, un forum innovation est organisé tous les deux ans, les rencontres physiques et thématiques brèves (journées innovation) sont plus fréquentes, et les webinars se généralisent. C’est l’arrivée du nouveau directeur de l’innovation, Jean-Christophe Simon, il y a quatre ans, qui a permis de donner l’impulsion au lancement de What If voici deux ans. Ce qui permet de poursuivre les échanges virtuels entre les rendez-vous physiques.

Activité

Équipement électroménager.

Effectif

25 000 salariés.

Chiffre d’affaires

4,1 milliards d’euros en 2013.