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MERYEM LE SAGET CONSEIL EN ENTREPRISE

La chronique | publié le : 09.12.2014 |

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MERYEM LE SAGET CONSEIL EN ENTREPRISE

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L’évitement qui nous ronge

La prise de décision semble plus difficile que jamais dans les entreprises. Étant donné qu’il est rare d’avoir tous les éléments suffisants pour évaluer une situation, les décisions traînent, les responsables ont du mal à trancher. En fait, on évite un peu de faire face à la réalité et de s’engager.

Tout commence avec une fausse analyse de la situation. Pour tenir le problème à distance, vu qu’on ne sait pas quoi décider, on le minimise. Des tensions entre personnes pourrissent l’ambiance de l’équipe ? On ne sait pas comment recadrer un manager qui multiplie les fautes de comportement ? Un peu de courage nous manque pour prendre une décision qui s’impose ? On relativise… Ce n’est pas si grave ; cela va passer avec le temps ; d’ailleurs, rien ne prouve que ce sera mieux si l’on agit !; ou encore, les sempiternelles excuses : on n’a pas le choix ; les équipes feront avec ; il faut bien s’adapter.

Pendant un temps, les collaborateurs espèrent et pensent qu’il va se passer quelque chose : la direction va finir par annoncer la fameuse réorganisation ou la mutation de telle personne, ou la fusion de deux activités, etc. Mais non, rien, la fumée blanche ne sort pas du Vatican. L’attente, alors, se transforme en suspicion : les personnes ont l’impression qu’on leur cache la vérité. Et le climat de confiance s’étiole.

Dans de nombreux cas, ce n’est pas tant le problème qui crée la crispation, c’est le fait de l’éviter. La tolérance de situations dégradées accélère leur dégradation. Ce qui passe au début pour de la réflexion ou de l’attentisme de la part des responsables est finalement compris comme l’approbation d’une situation inacceptable.

Ceux qui laissent un problème pourrir y trouvent un « bénéfice », dit-on en sociologie des acteurs. Cela doit les arranger sur certains aspects et, en ne faisant rien, ils deviennent complices du problème. L’ennui, c’est que cela crée des situations explosives. Et, plus on attend, plus les décisions d’agir sont dures à prendre. Il faudra attendre la crise ou le drame pour que le réveil s’opère. Les grands incendies commencent souvent par un cumul de petites négligences.

Mais qui peut jeter la pierre à ces responsables hésitants, alors qu’on fait tous la même chose dans nos vies quotidiennes… Qui n’a pas repoussé puis reporté encore une discussion difficile avec une personne de sa famille parce qu’il ne s’en sentait pas la force ? Qui n’a pas laissé traîner une consultation de médecin ou de dentiste alors qu’on sait parfaitement qu’aborder un problème le plus tôt possible est le meilleur des traitements ? Qui n’a pas laissé dans l’indécision des situations qui appelaient un arbitrage dont on ne se sentait pas capable ? Souvent, on ne fait rien, on espère (peut-être un miracle ?), comme si un jour l’aube pouvait se lever et dissiper toutes nos appréhensions.

En fait, l’époque actuelle appelle à beaucoup d’authenticité et d’intégrité. Faire face aux situations, sans déni, sans fausses histoires, avec du pragmatisme et du courage. Oser être soi-même, regarder la réalité avec lucidité et agir. La bonne nouvelle est que le stress se dissout dans l’action, surtout lorsque celle-ci est animée d’une intention de vérité. ?