logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Sur le terrain

Temps de travail : ALTRAN FRANCE : DE NOUVELLES CONTREPARTIES EN CAS D’HORAIRES DÉCALÉS

Sur le terrain | Pratiques | publié le : 02.12.2014 | Nicolas LAGRANGE

Astreintes, horaires de nuit, travail en équipe… Jusque-là très variables et peu, voire pas encadrées, les pratiques sont désormais homogènes, sécurisées et mieux rémunérées au sein de l’entreprise spécialisée dans le conseil en technologies.

Depuis le 1er juin, les salariés d’Altran susceptibles de travailler en horaires décalés sont tous logés à la même enseigne, en vertu d’un accord signé le 19 mai par trois syndicats sur cinq, CFDT, CFE-CGC et CFTC (représentant 58 % des voix). Un accord trouvé après quasiment deux ans de négociations, dans le cadre d’un dialogue social difficile.

« Nous avons entamé en juillet 2012 des discussions très larges sur le temps de travail, avant de décider de commencer par les horaires décalés, explique Étienne Cadre, DRH France. Les salariés n’étaient pas traités de la même manière d’une filiale à l’autre, certains clients déploraient ces écarts, et nous devions consulter les instances pour chaque nouveau projet. »

Pour Olivier Estienne, délégué syndical central CFDT (premier syndicat), « le plus gros chantier a été de recenser les pratiques existantes, ce qui n’a pas facilité les négociations. Nous avons dû interroger les salariés via de nombreuses enquêtes de terrain ». En cause : un reporting très hétérogène, avec des modalités, des intitulés de paye et des montants variables entre les entités. Des lacunes comblées progressivement, à partir de juillet 2013, avec un SIRH proposé par Cegedim SRH.

« L’accord trouvé au printemps a permis de clarifier et de sécuriser les astreintes, qui étaient le sujet n° 1, pour les clients et pour les salariés », commente Étienne Cadre. À l’instar du travail de nuit et du travail en équipe (par roulement sur des plages horaires successives), le délai de prévenance minimal est de sept jours, l’accord écrit du salarié est obligatoire et son choix est réversible. « Nous avons obtenu des primes intéressantes, sensiblement supérieures à la concurrence », assure le représentant CFDT : 40 euros pour douze heures d’astreintes de nuit en semaine, 55 euros pour douze heures de nuit le week-end et 265 euros pour le week-end complet. Sans compter les éventuelles interventions, sur la base des heures déclarées par les salariés eux-mêmes. Entre juillet et septembre, où l’activité est moins dense, 260 salariés ont bénéficié des nouvelles dispositions.

« Sur le travail nocturne, nous voulions être plus réactifs sur des projets pour lesquels nous devons travailler de nuit, éviter de multiplier les consultations d’instances, et harmoniser les rémunérations et les repos compensateurs, très disparates », souligne le DRH France.

Majoration élevée

Conformément à la convention collective nationale, les heures de nuit sont majorées de 50 %. « Avec 15 % de repos compensateur pour les travailleurs de nuit qui cumulent au moins 200 heures de nuit sur l’année, ajoute Étienne Cadre. Un chiffre deux à trois fois plus élevé que dans la moyenne du secteur. » « Même s’il concerne une petite minorité de consultants, le travail de nuit est désormais prévu au contrat, cadré et rémunéré selon un barème unique », note Olivier Estienne. Au troisième trimestre, 154 salariés ont été concernés.

Primes

Quant au travail en équipe, appelé à se développer dans le cadre des solutions globales de services proposées par Altran, il donne lieu dorénavant à une prime de 40 à 96 euros pour une journée ou une nuit en semaine et de 210 euros à 266 euros pour une journée ou une nuit le week-end, hors primes de nuit. Avec une vingtaine de bénéficiaires au troisième trimestre.

L’accord sur les horaires décalés, qui comporte également un volet télétravail (jusqu’à trois jours par semaine), est « une vraie réussite du dialogue social », selon le DRH France. Place maintenant à la renégociation sur l’annualisation du temps de travail et les modalités de suivi de la charge de travail… Un chantier difficile mais indispensable, au regard de la jurisprudence de la Cour de cassation et du nouvel accord de branche, conclu au printemps dernier, sur le forfait-jours.

Auteur

  • Nicolas LAGRANGE