On perçoit de plus en plus nettement, venue d’outre-Atlantique, une critique radicale de la pensée néolibérale de la part d’universitaires renommés. En s’interrogeant sur l’avenir du capitalisme, cinq éminents sociologues américains examinent les capacités de ce système à assurer le bien-être matériel des populations, voire simplement à perdurer. Ils partagent le sentiment qu’un événement inédit se profile sur la scène mondiale du fait de la globalisation. Dans un avenir de vingt à trente ans, celle-ci devrait atteindre sa limite quasi mécaniquement. La crise de 2008 n’a été qu’un prologue à ce qui risque d’arriver : l’implosion du système capitaliste, incapable de faire face aux coûts sociaux et environnementaux liés à son mode de production, une fois que toutes les fuites en avant auront été explorées – innovations technologiques, expansion géographique des marchés, emploi et investissement publics, inflation des diplômes, etc. L’hypothèse de taux de chômage avoisinant les 50 % à 70 % à partir de 2040 leur semble plausible du fait de l’informatisation et de l’automatisation des tâches. Les fameuses destructions-créatrices d’emploi prévues par Schumpeter ne sont pour eux qu’une émolliente utopie. Le marché, une fois saturé, le pouvoir d’achat et l’emploi devraient s’effondrer de concert. Cette situation conduira-t-elle à une révolution violente, autoritaire ou à une révision du système ? Les auteurs s’avouent incapables d’anticiper, les paramètres en jeu étant trop nombreux. Mais leur livre est une invitation convaincante à explorer des pistes alternatives.