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L’enquête

HÔPITAL DE BEAUVAIS : UN ACCORD CONCERTÉ SUR LES RPS

L’enquête | publié le : 02.12.2014 | STÉPHANIE MAURICE

Le CHSCT a été consulté à toutes les étapes de la négociation de l’accord sur les risques psycho– sociaux, du choix du consultant à l’élaboration des actions. Mais, à l’approche des élections, la CGT a claqué la porte du comité de suivi.

Au centre hospitalier de Beauvais (Oise), en décembre 2013, l’accord sur les risques psychosociaux a été signé sans difficulté par la CGT (majoritaire) et FO, les deux syndicats représentatifs. C’était une grande première dans l’établissement : « Jamais la CGT n’avait accepté de signer un accord local », note la DRH, Delphine Launay.

Deux raisons à ce paraphe : « Nous étions demandeurs depuis longtemps d’un accord sur les RPS », explique-t-on au syndicat. C’est aussi la démarche de concertation qui les a convaincus. Éric Guyader, le directeur de l’hôpital, a en effet tenu à ce que ce dossier soit traité au sein du CHSCT : « C’est un parti pris managérial : la thématique est importante à l’hôpital, où l’on sait qu’avec l’intensification du travail, il y a des burn-out. »

Pour marquer la mobilisation de la direction sur le sujet, « un engagement écrit a été pris : il affirmait que la qualité de vie au travail était l’un des critères essentiels du projet d’établissement », précise Delphine Launay. Un cahier des charges a été élaboré avec les représentants du personnel, début 2013, dans le cadre du CHSCT, et le consultant choisi a été celui proposé par les syndicats. Un geste de confiance qui a rassuré.

UN RISQUE DE PERTE DE SENS

Ensuite, un état des lieux a été réalisé, avec un questionnaire que 1 000 agents, sur les 2 500 que compte l’hôpital, ont rempli. « Il a confirmé un certain nombre d’analyses que nous faisions, note Éric Guyader. Ce n’est pas forcément la charge de travail qui est le facteur le plus déterminant, mais plutôt la qualité du management : une équipe qui n’est pas écoutée est éventuellement en perte de sens. » Ces résultats ont été présentés dans chaque service, avec le consultant, un représentant de la direction et un représentant du personnel.

PRÉVENTION ET ACCOMPAGNEMENT

Puis des groupes de travail (organisation du travail et management, prévention des risques, formation, équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle) ont été ouverts à tous les agents, pour réfléchir aux actions à mettre en place, le CHSCT se chargeant du comité de pilotage. Une fois l’accord d’entreprise signé, le comité de pilotage a changé de fonction pour devenir un comité de suivi.

Le texte met en avant la prévention du stress, au moyen de formations, et la liberté de parole, avec la création de circuits de signalement des agents en souffrance. Il prévoit une meilleure planification des congés, et un dispositif d’accompagnement pour les retours de longs congés maladie.

Mais, après six mois de fonctionnement, en juin dernier, la CGT a choisi de claquer la porte : « Nous ne nous rendons plus à aucune réunion, car nous estimons que cet accord est un écran de fumée. Il suffirait de respecter les repos des agents, leurs récupérations pour gagner en qualité de vie au travail », estime la CGT. Certains voient dans cette attitude un durcissement de position en prévision des prochaines élections professionnelles, pour se distinguer de FO, qui privilégie une posture de dialogue. La CGT dément, et la direction, si elle regrette le retrait du syndicat majoritaire, y voit plutôt le retour à une culture ancrée de contestation. Mais elle ne regrette pas la démarche innovante qu’elle a testée : « Cela nous a permis de renouer des liens avec les équipes, et de travailler différemment avec les partenaires sociaux », signale Delphine Launay.

Auteur

  • STÉPHANIE MAURICE