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LA SEMAINE

Climat social : Alerte rouge sur les risques psychosociaux

LA SEMAINE | publié le : 25.11.2014 | Virginie Leblanc

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La charge de travail, principale source de stress

Crédit photo Virginie Leblanc

Depuis un an, le climat social s’est nettement dégradé pour une majorité de salariés et de managers, selon le baromètre Cegos publié le 20 novembre. Autre point de vigilance pour les entreprises : le stress s’affiche à des niveaux records.

La proportion est impressionnante et préoccupante… Un salarié sur quatre déclare avoir subi au cours de sa carrière un problème psychologique grave, de type dépression ou burn-out. C’est l’un des résultats les plus marquants de la 16e édition du baromètre “Climat social dans l’entreprise”, réalisé par le groupe Cegos auprès de 700 salariés, 290 managers et 145 DRH-RRH d’entreprises privées implantées en France.

De plus, 53 % des salariés et 68 % des managers déclarent subir un stress régulier dans leur travail, tandis que 71 % des DRH pensent que leurs salariés subissent effectivement un tel stress. Et, sur une échelle de 0 à 10, un salarié sur deux et six managers sur dix déclarent un niveau de stress supérieur ou égal à 6 : « Un score élevé avec des pointes au niveau 7 pour les deux populations », commente Virginie Loye, manager d’offre et d’expertise RH et gestion des compétences à Cegos.

Parmi les personnes déclarant avoir subi un stress régulier, 87 % des salariés et 78 % des managers estiment que ce stress a eu un impact négatif sur leur santé.

Charge de travail.

Parmi les causes expliquant cet état de stress régulier figure nettement en première position la charge de travail, pour 64 % des salariés et des managers (voir le graphe ci-contre). Le deuxième facteur est le manque ou la mauvaise organisation du travail, suivi par le manque de soutien et le sentiment d’isolement, la pression exercée par le manager, les changements incessants au sein de l’entreprise ou du service.

Et les DRH identifient même à 75 % la charge de travail trop importante comme facteur de stress et à 39 % l’organisation du travail. « Les DRH sont davantage invités à travailler sur ces questions, mais on ne peut pas dire qu’ils soient encore totalement reconnus dans ce rôle. Toutefois, on observe que le sujet de la charge de travail commence à rentrer dans leur définition de poste », remarque Virginie Loye. « Les DRH devront travailler avec les managers sur la charge de travail, ainsi que sur le problème de la porosité entre vie privée et vie professionnelle », complète Annick Haegel, manager à Cegos.

Autre point sur lequel l’organisme de formation appelle les DRH à la vigilance : les attitudes de repli des salariés insatisfaits ; 42 % d’entre eux avouent poursuivre leur activité en levant le pied, une réponse privilégiée à la discussion franche avec son manager (39 %).

Les DRH doivent aussi poursuivre le déploiement d’actions d’amélioration de la qualité de vie au travail (QVT) et de prévention des risques psychosociaux : 59 % d’entre eux affirment avoir initié les premières – 23 % ont une réflexion en cours –, et 57 % les secondes – 29 % déclarent avoir une réflexion en cours.

Du côté des managers, beaucoup de travail reste à accomplir. Les rôles et les procédures en cas de risques psychosociaux ne sont clairs que pour 31 % d’entre eux, et 43 % affirment ne pas avoir été formés à la détection des RPS.

Cette sérieuse alerte sur les RPS s’inscrit dans un contexte de climat social dégradé depuis un an, pour 53 % des salariés et des managers. Pour les salariés, la dégradation est plus forte de six points par rapport à 2013. Les DRH-RRH sont plus optimistes, puisque 43 % d’entre eux estiment que le climat social est resté identique.

Inquiétant aussi, « aucune amélioration n’a été constatée dans les différents items de climat. Tous affichent des baisses significatives par rapport à 2013, en moyenne de plus de dix points », constate Annick Haegel. Ainsi, 54 % des salariés considèrent que le climat au sein de leur équipe est globalement satisfaisant (- 14 points) ; 49 % sont satisfaits de leur emploi actuel (- 12 points) ; 48 % sont fiers de travailler dans leur entreprise (- 7 points) ; 45 % sont motivés par leur poste actuel (- 13 points) ; et 42 % ont confiance dans l’avenir de leur entreprise (- 11 points).

Sans surprise, la dégradation du climat est fortement corrélée aux réorganisations dans l’entreprise : 64 % des managers font état d’une réorganisation au cours des douze derniers mois et, parmi eux, 61 % font le constat d’un climat social dégradé depuis un an.

Feedback.

Plus étonnant, les salariés portent un jugement relativement positif sur leur manager, au regard du climat économique ambiant, constate Cegos : 64 % des salariés estiment que leur manager leur fait confiance, et 49 % disent pouvoir compter sur son aide en cas de difficultés liées à leur travail ; 46 % se sentent reconnus dans leur travail par leur manager.

Toutefois, seuls 33 % des salariés pensent que leur manager contribue au développement de leurs compétences, et le manque de feedback est toujours pointé du doigt. Seuls 34 % disent avoir un retour régulier de leur part sur leurs résultats et la qualité de leur travail. « Ce n’est pas dans notre culture de reconnaître, on ne sait pas dire ce qui va bien. En outre, pour reconnaître, il faut bien connaître le métier de ses collaborateurs », commente Annick Haegel.

Auteur

  • Virginie Leblanc