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L’enquête

LES SURCOMPLÉMENTAIRES ONT DE L’AVENIR

L’enquête | publié le : 11.11.2014 | V. L.

Avec l’encadrement légal des contrats frais de santé, pour bénéficier d’une couverture supérieure, les salariés devront soit mettre la main à la poche, soit souscrire une surcomplémentaire.

Pour maintenir leurs garanties antérieures ou renforcer la couverture de leur contrat, les salariés seront tentés de recourir aux surcomplémentaires.

« Ce marché existe depuis longtemps, expose Alexandrine de Vallois*, directrice marketing stratégique de Malakoff Médéric. 40 % des collectives prévoient ce deuxième étage de contrats collectifs facultatifs à adhésion individuelle – avec un tarif unique pour les salariés de l’entreprise et le bénéfice de la portabilité. Par ailleurs, on trouve des surcomplémentaires totalement individuelles, qui apparaissent depuis quelques années et s’adossent à n’importe quelle collective. Je pense que ces deux modèles vont coexister. »

Et ce type de contrat s’avérera d’autant plus nécessaire que, « comme le gouvernement n’a pas tenu compte de la diversité des zones géographiques dans la définition du contrat responsable, l’augmentation du reste à charge, notamment en région parisienne, s’apparentera à une forme de hold-up ! », s’exclame Sylvain Merlus*, directeur collectives de Groupama Gan Vie.

RESTE À CHARGE IMPORTANT

Même observation du côté de Lucie Taleyson*, directrice technique & marketing collectives à Axa France : « On assistera soit à des renonciations significatives aux soins, soit au paiement d’un reste à charge important. »

À titre d’exemple, du côté des frais d’hospitalisation, illustre Alexandrine de Vallois, « aujourd’hui, seulement 15 % des actes ont des restes à charge, demain, en région parisienne, 70 % des actes en auront, avec un minimum de 275 euros en moyenne. »

La médecine de ville sera très concernée, signale de son côté Marianne Binst, directrice générale de Santéclair : « Il est prévu de plafonner à 100 % la base de remboursement pour tous les médecins n’ayant pas signé le contrat d’accès aux soins (CAS). Or, peu de médecins l’ont fait. De même, peu de spécialistes et presqu’aucun chirurgien. » On peut s’attendre, selon elle, à des restes à charge importants pour les salariés, notamment dans les villes chères comme Paris, Nice ou Lyon. « Alors que les contrats complémentaires accompagnaient plutôt bien ces dépenses auparavant, regrette-t-elle, les salariés vont se retrouver seuls face à leur reste à charge, sans recours possible aux réseaux de soins, puisque la loi Le Roux a exclu les médecins des dispositifs. »

D’un point de vue pratique, persuadé que les salariés auront besoin d’une surcomplémentaire, le groupe AG2R La Mondiale a par exemple préparé une offre très modulaire comprenant la base “ANI” avec des options collectives ou individuelles permettant une couverture du salarié seul ou avec sa famille.

ENJEU INDUSTRIEL

Mais surtout, souligne Philippe Dabat, directeur général délégué d’AG2R La Mondiale, « nous voulons “chaîner” l’individuel et le collectif, car les salariés doivent pouvoir conserver la simplicité de gestion qu’ils avaient dans leur contrat individuel. En réalité, nous pensons que les salariés seront quasiment obligés de souscrire la surcomplémentaire individuelle chez le même assureur, afin de bénéficier de l’automatisation des transmissions via Noémie. C’est un grand enjeu industriel auquel nous nous préparons. »

*Propos recueillis lors du congrès Réavie le 7 octobre 2014.

Auteur

  • V. L.