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Sur le terrain

RETOUR SUR… La centralisation de la paie à Saint-Gobain

Sur le terrain | publié le : 04.11.2014 | Armelle Siccat

Entre 2008 et 2010, le spécialiste du bâtiment a fait le choix du centre de services partagés (CSP) pour traiter la paie de ses salariés français. Un changement radical pour ce groupe très décentralisé, qui ne regrette pas sa décision.

Depuis début 2012, la paie des 23 500 salariés des 95 filiales “industrie” de Saint-Gobain – comprenant les activités vitrage, isolation, matériaux de construction et Lapeyre – est effectuée par un centre de services partagés (CSP), une filiale baptisée Saint-Gobain Services RH Fran ce, basée à Conflans-Sainte-Honorine (78). Cette centralisation des paies – représentant 1,3 milliard d’euros de salaires et cotisations annuels, jusqu’alors traités localement dans un groupe qui comprend plus de 170 sociétés et quelque 3 000 établissements –, a coïncidé avec la décision d’harmoniser les outils logiciels.

continuité de services

Afin de ne pas « garder tous ses œufs dans le même panier », le groupe a scindé le projet en deux lots au volume de paies presque identique et a choisi deux solutions différentes, dont Teams de Cegedim SRH, qui équipe Saint-Gobain Services RH France(1). Comme toutes les grandes entreprises qui ont fait le choix d’un CSP, Saint-Gobain s’inscrit dans une démarche d’optimisation de l’organisation et de professionnalisation des ressources, de maîtrise des processus de gestion, de diminution des coûts de fonctionnement. « Cette nouvelle organisation a permis de fiabiliser et de comparer les données entre elles, de simplifier les processus de paie, d’assurer une continuité de services, de mutualiser les expertises et de réduire les coûts », liste Thierry Gallarotti, directeur général du CSP Saint-Gobain Services RH France.

« Le fait de traiter la paie dans un seul et même lieu permet d’assurer la continuité de services en cas d’absence d’un gestionnaire de paie », ajoute-t-il. Enfin, le CSP est devenu un pôle d’expertise : « Nous avons choisi une organisation par client interne et par population – les vendeurs par exemple –, de la paie jusqu’au déclaratif, tout en maintenant une relation privilégiée entre les gestionnaires du centre et les correspondants RH des usines, soutient Thierry Gallarotti. Cette organisation assure une sécurisation de la paie, car nous disposons d’une meilleure connaissance des réglementations et des conventions collectives. » Enfin, il estime que l’objectif recherché de productivité a été atteint avec près de 500 bulletins traités par gestionnaire, même si le groupe ne s’étend pas sur les ratios antérieurs.

42 conventions collectives à gérer

Le logiciel a été paramétré en fonction des règles de paie de chaque filiale, qui n’ont pas été harmonisées du fait de la variété des métiers de ces entreprises. « C’est ce qui fait la complexité de ce CSP, qui doit gérer 42 conventions collectives et près de 130 réglementaires de paie », reconnaît Thierry Gallarotti. C’est d’ailleurs pourquoi l’intégration s’est faite progressivement, par métiers (vitrages industrie, vitrages réseaux, matériaux hautes performances, Lapeyre Industrie, Lapeyre Distribution…).

Une douzaine de projets transverses ont été menés en parallèle pour construire la colonne vertébrale de l’application, définir des règles de gestion communes, mettre en place l’infocentre, organiser le workflow. Le CSP est monté en charge progressivement, entre le second semestre 2009 et début 2012. Il regroupe 70 salariés, dont une vingtaine ont accepté une mutation (lire l’encadré). Les autres postes ont été pourvus par le recrutement externe de gestionnaires de paie aux solides connaissances en droit social.

Sur le mode de la relation clients-fournisseur, Saint-Gobain Services RH France est un centre de compétences qui apporte expertise et services complémentaires aux équipes RH des usines. Il assure une veille sociale complète pour ses clients internes : « Nous nous chargeons de suivre les évolutions du droit social, de l’optimisation fiscale, de la gestion administrative et juridique des accidents du travail et maladies professionnelles, du versement transports, etc. » Des services inclus dans le prix facturé aux filiales, qui s’établit entre 25 et 35 euros par bulletin de paie et par mois.

Un service à Valeur ajoutée

Chaque année, une enquête de satisfaction est réalisée auprès des populations RH du groupe, ce qui permet au CSP d’identifier les services attendus par ses clients, comme la prise en charge de la DSN ou du BSI (lancé cette année). « Au départ, il n’y avait pas une adhésion forte et complète des populations RH concernées, reconnaît pourtant Thierry Gallarotti. Nous avons rencontré des résistances dans un groupe qui a une forte culture de décentralisation des pouvoirs. Mais nous avons fait la preuve de notre valeur ajoutée. » Et opéré, de fait, une véritable révolution culturelle.

(1) Un second CSP gère la paie de la branche distribution de matériaux de construction (incluant Point P, Cedeo ou encore La Plateforme du bâtiment) avec Zadig d’ADP.

Peu de transferts de personnel RH

Le projet était particulièrement sensible du fait des conséquences sociales pour les collaborateurs jusque-là chargés de la paie au sein des usines. Un accord groupe de mobilité visant à sécuriser le parcours des salariés concernés prévoyait des mesures financières d’accompagnement et de retour dans les usines s’ils le souhaitaient.

Alors qu’un peu plus de 220 salariés – représentant 128 équivalents temps plein – répartis dans 78 filiales étaient visés par cette centralisation, une vingtaine seulement ont accepté le transfert, les usines étant parfois distantes de plusieurs centaines de kilomètres du CSP de Conflans-Sainte-Honorine. Les autres ont, selon Saint-Gobain, bénéficié de reclassements internes.

Auteur

  • Armelle Siccat