logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

L’enquête

DES OPCA AUX PRATIQUES TRÈS DIFFÉRENTES

L’enquête | publié le : 04.11.2014 | L. G.

Image

DES OPCA AUX PRATIQUES TRÈS DIFFÉRENTES

Crédit photo L. G.

Le rapport plan/professionnalisation est un bon témoin de l’intensité d’engagement financier et paritaire des entreprises et des partenaires sociaux des branches dans leur Opca. Ce qui pourrait plaider en faveur d’une différenciation des conventions d’objectifs et de moyens signés avec l’État.

Le rapport plan/professionnalisation est intéressant, car il témoigne d’une forme « d’intensité d’engagement financier et paritaire » des entreprises et des partenaires sociaux des branches vis-à-vis de leur Opca. Cela illustre une culture, un historique et des habitudes. Mécaniquement, plus les entreprises d’une branche et les partenaires sociaux qui l’animent construisent des politiques communes via leur outil Opca et/ou plus les entreprises y trouvent des services répondant à leurs besoins, plus le rapport plan/professionnalisation s’élève et plus l’Opca apparaît comme un outil important dans la vie de la branche. Certaines d’entre elles sont donc très actives autour de leur collecteur, pour des raisons aussi bien pédagogiques que financières ou politiques. D’autres l’utilisent a minima, pour gérer la professionnalisation. Cela ne signifie pas fondamentalement que les uns sont « meilleurs » que les autres, ils sont « d’usage différent ».

Dans le tableau ci-contre, les Opca sont classés tels qu’ils apparaissent dans la troisième colonne : rapport de la collecte « plan » par rapport à la collecte « professionnalisation ». En bleu, les Opca de branche du champ des trois organisations patronales, Medef, CGPME et UPA ; en jaune, les Opca de branche hors champ, dépendant d’autres organisations patronales ; en orange, l’Opca interprofessionnel-interrégional-interbranche du Medef et des cinq confédérations syndicales de salariés (Opcalia) ; en vert, l’Opca interprofessionnel-interrégional-interbranche de la CGPME et des cinq confédérations syndicales de salariés (Agefos-PME) ; en gris, les collecteurs de branches, dont certaines sont du champ des trois organisations patronales (Medef, CGPME, UPA), et dont d’autres sont du champ d’autres organisations patronales (Opcalim et Opca PL).

Pour compléter la lecture : la première colonne rappelle le montant de collecte totale 2013-2012 et son classement ; la deuxième exprime le rapport plan/total et son classement. Ce rapport plan/total est également un témoin de l’engagement d’une branche autour de son Opca, mais il peut être parasité par la collecte CIF : plus celle-ci est importante, plus le total augmente et plus le rapport plan/total est faussé.

QUATRE FAMILLES D’OPCA

Conclusion ? Le croisement de ces variables aboutit à l’identification de quatre familles d’Opca, en 2014, selon leur rapport plan/professionnalisation.

Famille 1 : ceux dont la collecte plan vaut plus de trois fois celle de la professionnalisation (Unifaf, Constructys).

Famille 2 : ceux dont le montant de la collecte plan atteint entre deux et trois fois celui de la collecte professionnalisation (de Fafsea à Intergros).

Famille 3 : ceux dont le montant de la collecte plan atteint entre une et deux fois celui de la collecte professionnalisation (d’Afdas à Opca Défi).

Famille 4 : ceux dont la collecte plan est inférieure à la collecte professionnalisation (de FAF.TT à Opcabaia).

Ce classement est globalement constant depuis plusieurs années. Clairement, le mot Opca n’a pas partout le même sens. Il existe bien des différences de politiques internes et de nature de réponses aux entreprises adhérentes et, par conséquent, aux salariés de ces entreprises. Par ailleurs, il faut se méfier des grands chiffres agrégés, car, à l’intérieur même de la plupart des Opca, les pratiques (notamment de versement du plan) sont très disparates : il reste bien des Opca à l’intérieur des Opca ; on est loin d’une situation homogène dans le même collecteur.

Autre illustration des différences entre Opca : la grande majorité des grosses branches industrielles et de services (banque, assurance, ingénierie, travail temporaire, plasturgie, chimie, métallurgie, etc.) sont plutôt dans le bas du tableau. Pour elles, l’Opca n’est pas un acteur majeur dans la gestion du plan de formation. Ce qui ne signifie pas qu’elles restent inactives en la matière : souvent, les grandes entreprises de ces secteurs bâtissent des plans de formation internes copieux et ce, depuis fort longtemps. Toutefois, la situation des PME de ces secteurs industriels et de services n’est pas identique.

Enfin, les Opca « hors champ », c’est-à-dire ceux dont les fédérations patronales créatrices et gestionnaires ne sont pas adhérentes du Medef, de la CGPME ou de l’UPA, sont plutôt dans le haut du tableau. On trouve dans ce « hors-champ » les secteurs suivants : l’agriculture ; le sanitaire, social et médico-social privé à but non lucratif ; les professions libérales ; le spectacle-audiovisuel-presse… Pour ces secteurs, l’Opca est un outil important des relations sociales de branche ; bien que, là aussi, on constate une hétérogénéité des pratiques. Les futures conventions d’objectifs et de moyens à signer avec l’État prendront-elles en compte ces différences ?

Auteur

  • L. G.