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Sur le terrain

Retour sur… Le plan de recrutement d’IBM à Lille

Sur le terrain | publié le : 21.10.2014 | Stéphanie Maurice

En juin 2013, IBM inaugurait The Lille Experience, un nouveau centre de services spécialisé dans le développement d’applications et désormais dans la maintenance réseaux. Objectif : mille embauches à l’horizon 2017. L’entreprise a mis en place une plate-forme de recrutement avec Pôle emploi.

IBM, à Lille, est désormais en vitesse de croisière avec 15 à 20 embauches par mois, mais a encore un défi à relever en termes de recrutement. En juin 2013, lors de l’inauguration, Alain Bénichou, président d’IBM France, annonçait le recrutement de 700 personnes en trois ans, dont 200 dans les trois mois. Avec une priorité, les profils juniors, pour ce nouveau centre de services, installé à EuraTechnologies, la pépinière numérique de la métropole du Nord. Sa mission : le développement d’applications. La bonne nouvelle avait tout d’une aubaine dans une région où le chômage des jeunes atteignait 20,1 % en juillet 2013.

Vague d’embauches

Un an et demi plus tard, The Lille Experience n’a pas encore atteint son objectif de 200 recrutements. Fin septembre, ils sont 148 à y travailler. Ce qui n’a pas empêché IBM d’annoncer dès juillet dernier une deuxième vague d’embauches, 300 personnes d’ici à trois ans, qui devraient se consacrer à la maintenance des réseaux. Nicolas Milhe, le directeur du centre lillois, reconnaît volontiers le retard, mais l’explique par une rentrée tardive dans les locaux définitifs à la mi-novembre 2013, et par le temps de mise en place du dispositif de recrutement. « Nous serons 200 à la fin de l’année », promet-il. Sans vouloir cependant accélérer le rythme actuel des embauches. « Sinon, nous perdons la taille humaine de l’intégration », précise Bruno de Saint Laon, le responsable RH. Chaque nouvel entrant a une semaine de formation à “l’esprit IBM”, suivie d’une formation technique de six à huit semaines.

Décryptage des CV

Pour repérer les bons profils, IBM s’est appuyé sur les services de Pôle emploi : « Ils préfiltrent les CV qui proviennent de leur base de données ou qui leur sont adressés via leur site Internet où nos offres d’emploi sont publiées. Les candidatures spontanées reçues via notre site Web leur sont aussi envoyées », précise Bruno de Saint Laon. Chaque semaine, Pôle emploi et le recruteur choisissent les candidats qui vont passer un entretien. La tête de pont du dispositif est l’agence de Villeneuve d’Ascq, spécialisée dans les métiers du numérique. « C’est un recrutement hors normes, reconnaît Zohra Langlet, directrice adjointe de l’agence. Nous nous sommes mobilisés, avec des réunions d’information et de formation des conseillers Pôle emploi, qui ne travaillent pas forcément tous les jours dans ce domaine d’expertise. Il fallait les initier au jargon du métier et aux attentes de l’employeur. » Une nécessité pour décrypter les CV. Désormais, IBM a un relais dans chacune des 25 antennes métropolitaines de Pôle emploi.

À 74 %, The Lille Expérience embauche dans la région ses analystes et ses programmateurs. « Si on regarde la population de jeunes diplômés, il n’y a pas de problème de bassin d’emploi, note Bruno de Saint Laon. Entre les écoles et les universités, le potentiel est là. De plus, nous recrutons à bac + 2 ou + 3, ce qui n’est pas un niveau de diplôme habituel dans le monde des SSII, qui visent plutôt les bac + 5. » En revanche, sur les profils plus expérimentés, avec maîtrise de langages informatiques précis, trouver l’oiseau rare est plus difficile : « Pôle emploi a beaucoup de facilités pour filtrer ce qui arrive au fil de l’eau. C’est autre chose pour une demande ponctuelle et ciblée », note Bruno de Saint Laon. Alors, on forme : « Nous n’avons pas d’exigences fortes sur le parcours ou sur le diplôme, explique le responsable RH, mais nous insistons sur le savoir-être, sur la capacité à s’intégrer dans une équipe. » Une fois ces candidats prometteurs repérés, Pôle emploi se charge de leur formation sur les basiques par une préparation opérationnelle à l’emploi de 288 heures, et IBM prend ensuite le relais, dans le cadre de son plan interne de formation. « Nous nous sommes partagé la tâche moitié-moitié », souligne Bruno de Saint Laon. Ainsi, un groupe de diplômés scientifiques a été formé aux arcanes de l’informatique.

« Centre low cost » selon la CGT

Les syndicats d’IBM voient dans cette nouvelle filiale un centre de services « low cost », ainsi que l’appelle la CGT : « Pratiquement au même moment que l’ouverture de Lille, IBM France lançait un PSE de 700 personnes, rappelle Nicolas Nadal, délégué syndical CFDT. Ils ont embauché des jeunes pour lesquels il y avait des équivalents à IBM France, mais avec des profils plus qualifiés. » Donc mieux payés, et avec des avantages sociaux plus importants. The Lille Expérience est une filiale d’IBM Holding Europe BV, domicilié au Pays-Bas. Nicolas Milhe conteste cette vision : « C’étaient des métiers qui n’existaient plus à IBM France, puisque l’activité de développement était sous-traitée à des tiers. » Nicolas Nadal, fataliste, constate : « Ces centres offshore se développent partout, autant en avoir un en France plutôt qu’à Bratislava. »

Chiffres clés

2 000 CV ont été traités par Pôle emploi, et 148 personnes embauchées fin septembre 2014.

51 % ont un bac + 2 ou + 3, et 66 % étaient demandeurs d’emploi.

12 sont en contrat d’apprentissage, recrutés au niveau bac, en partenariat avec le lycée Rostand à Roubaix ; 4 sont en contrat de professionnalisation. IBM n’ira pas plus loin sur l’alternance, par manque d’encadrants dans une structure récente.

18 contrats initiative emploi (CIE) ont été signés. Le reste des contrats sont des CDI à temps plein.

La moyenne d’âge se situe à 29 ans. 71 % des salariés ont entre 18 et 35 ans.

Auteur

  • Stéphanie Maurice