PERDRE SON EMPLOI est un drame, indépendamment de l’impact sur le revenu. Sans emploi, « on n’est plus rien », sa place sociale est perdue. Au-delà de la lutte des classes, c’est la place dans nos sociétés dont il est ici question. Nous sommes entrés dans une société à trois vitesses : à peu près un tiers des personnes actives pourront espérer des emplois permanents qualifiés, protégés et assez bien payés ; un tiers semble condamné à occuper des emplois précaires peu qualifiés et mal rémunérés ; le tiers restant étant durablement exclu de l’emploi.

La réédition de cet ouvrage écrit par trois sociologues, profondément remaniée pour coller à l’actualité, explique la désagrégation du lien social et la lutte qui fait rage autour de la formation et de l’emploi. L’intérêt des entreprises entre en contradiction avec celui de la société, tandis que les victimes de l’ostracisme social sont de plus en plus désignées comme les principaux responsables de leur exclusion. Rien d’étonnant, dès lors, à ce que l’on assiste à des replis identitaires, nationalistes, régionalistes… afin de tenter de garder sa place dans une communauté. Il est urgent, selon les auteurs, de repenser en profondeur la question du partage du travail et donc celle d’une insertion sociale qui ne se réduirait pas à l’insertion professionnelle.