logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

L’enquête

HOSPICES CIVILS DE LYON : LE LEAN SE MÊLE DE CLINIQUE

L’enquête | publié le : 21.10.2014 | C. C.-C.

Dans ce CHU lyonnais, le lean entre au cœur des unités de soins, en disséquant leurs pratiques, y compris médicales.

« La philosophie et les méthodes du lean management sont adaptées à l’hôpital: l’organisation y est complexe, chaque processus fait agir beaucoup d’intervenants, avec de multiples interfaces », estime Guillaume Couillard, directeur général adjoint des Hospices civils de Lyon (HCL). Le deuxième CHU de France a du recul : il s’est engagé dans la démarche dès 2010. Son projet d’établissement vise une amélioration des organisations en ayant recours au lean management. Pour impulser la démarche, il a fait appel, dans un premier temps, au cabinet de conseil McKinsey.

Les premiers chantiers lean ont concerné, classiquement, les blocs opératoires et les urgences. L’objectif est à chaque fois de limiter les temps d’attente : entre deux opérations au bloc, où doit se trouver « le bon malade, au bon moment, entouré des bonnes personnes », explique Guillaume Couillard. Soit tout au long du parcours du patient aux urgences, émaillé d’actes administratifs, d’examens infirmiers ou médicaux, d’actes techniques qui mettent en jeu une multiplicité d’acteurs. Grâce au lean, les HCL estiment avoir « absorbé l’augmentation de la fréquentation des urgences, où le temps d’attente reste stable. Aux blocs, on a gagné 4 à 5 points de taux d’occupation », selon leur directeur général adjoint.

Une nouvelle approche lean, plus originale, s’intéresse aux « chemins cliniques » ; 35 services des HCL s’y sont engagés. Tous sont volontaires, « soit parce qu’ils doivent réviser leurs pratiques à la suite de nouvelles recommandations, soit parce qu’ils rencontrent des dysfonctionnements », estime Christine Valot, cadre supérieure de santé chargée de mission sur les “chemins cliniques”. C’est elle qui accompagne les équipes dans leur démarche lean. Elle a appris à être « directive » : « Je les préviens: tout le monde doit être embarqué dans la démarche, on va investiguer à tous les étages et remettre en cause certaines pratiques. Il faut prouver à des gens centrés sur la clinique, qui courent partout, qu’il y a un bénéfice à faire de l’organisation, qu’ils vont y retrouver le temps de travailler. »

Ces chemins cliniques parviennent souvent à réduire la durée des séjours. « Sur la chirurgie du pancréas, nous avons gagné dix jours de temps de récupération, en révisant les techniques chirurgicales, en éduquant le patient, en faisant intervenir plus précocement les kinésithérapeutes, se félicite Guillaume Couillard. Les chemins cliniques nous font ainsi avancer sur la voie de la chirurgie ambulatoire, qui est très lean. » En chirurgie ambulatoire, les patients rentrent chez eux le jour même de l’opération. Le gouvernement a fixé un objectif, dès 2016, d’une opération sur deux réalisée en ambulatoire. C’est l’une des principales pistes d’économie pour l’hôpital.

Comme de nombreux hôpitaux, les HCL ont banni le mot lean de leur vocabulaire : « Cela veut dire maigre, les syndicats comprennent que l’on va réduire les effectifs », explique le professeur Paul Perrin, ancien chef de service d’urologie et ancien doyen, aujourd’hui consultant de l’hôpital dans ses démarches lean. Il les assume complètement: « À partir du moment où vous acceptez qu’il y a 30 % de gaspillage à l’hôpital, ce n’est pas une mauvaise chose de remettre un peu d’ordre. » Mais il prend garde à ne « jamais aborder le sujet par l’aspect économique. Il faut convaincre les soignants que faire de bons soins est économique ».

REPÈRES

Activité

Avec 14 établissements de santé pluridisciplinaires, les Hospices civils de Lyon sont le deuxième CHU de France.

Effectif

23 000 salariés, dont 5 000 médecins.

Budget

1,6 milliard d’euros en 2013, en déficit de 17 millions d’euros.

Auteur

  • C. C.-C.