Les difficultés ont beau s’accumuler sur la France en cet automne 2014, les risques d’explosion sociale restent faibles, estime Entreprise & Personnel dans sa note annuelle de conjoncture publiée le 17 octobre. L’association de DRH constate un « téléscopage des crises » économique (croissance nulle), sociale (fort chômage), politique (absence de résultats), et même morale (moindre acceptation de l’impôt et de la solidarité).

Pour autant, le risque d’un « tsunami social » est loin, estiment Jean-Pierre Basilien et Michèle Rescurio-Gilabert, les auteurs de l’étude. Ils remarquent en effet que les acteurs susceptibles de mobiliser sont « neutralisés et impuissants » et n’ont pas de projet. Le risque d’explosion sociale est donc faible.

C’est d’autant plus vrai dans les entreprises qu’« elles sont aujourd’hui des points d’appui solides pour beaucoup, par l’emploi qu’elles procurent ». De fait, le niveau de conflictualité y est historiquement bas, hors certaines mobilisations catégorielles comme à la SNCF, à Air France ou chez les intermittents.

Par ailleurs, « le retrait des salariés, que nous avions discerné ces dernières années, n’est plus vrai », déclare Michèle Rescurio-Gilabert. Pour preuve, le niveau d’absentéisme reste stable et les baromètres sociaux sont positifs. Mieux, beaucoup de salariés sont prêts à « faire front » et à accepter adaptations et sacrifices. C’est ce qui ressort des accords de compétitivité signés dans plusieurs entreprises, chez Renault notamment.

Pour Michèle Rescurio-Gilabert, c’est au niveau des entreprises qu’il existe un levier pour agir et « faire du dialogue social autrement », loin des postures et en évitant une accumulation d’accords jamais mis en œuvre. Deux caractéristiques d’un dialogue social interprofessionnel « hors sol ».