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ESPAGNE : LE SERVICE DE L’EMPLOI FAIT APPEL AUX AGENCES DE PLACEMENT PRIVÉES

Sur le terrain | International | publié le : 14.10.2014 | Valérie Demon

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ESPAGNE : LE SERVICE DE L’EMPLOI FAIT APPEL AUX AGENCES DE PLACEMENT PRIVÉES

Crédit photo Valérie Demon

Après la France, où l’expérience reste controversée, Madrid a recours aux agences de placement privées pour épauler l’Inem, équivalent espagnol de Pôle emploi. Certains syndicats sont sceptiques et soulignent les risques liés à l’appel d’offres et à la définition des missions.

L’Espagne implante les opérateurs privés de placement au côté de l’Inem, son service public de l’emploi. Il faudra encore attendre quelques mois avant que le système ne se mette réellement en place. Autorisées depuis 1994 pour les agences sans but lucratif, le système ne s’est ensuite ouvert qu’en 2010 aux sociétés à but lucratif. Et ce n’est qu’en 2013 que l’administration centrale entreprend de mettre en place un accord général avec les régions. Treize ont accepté d’y participer, à l’exception de l’Andalousie, de la Catalogne et du Pays basque.

Il aura fallu ensuite un an pour que 80 agences de placements soient choisies par le service national de l’emploi. « Ces agences recevront donc de l’argent pour chaque insertion dans l’emploi. Le processus a certes été long, mais plusieurs agences de placement avaient déposé des recours », précise Ana Isabel Santana, secrétaire de la fédération syndicale Commissions ouvrières (CC.OO).

Les régions doivent maintenant définir leurs propres critères et conditions. Seules les 80 agences sélectionnées pourront signer des accords avec elles. Le gouvernement central a décidé de consacrer 200 millions d’euros dans les quatre prochaines années à cette politique.

Dans un pays à 26 % de chômage et face à un service public peu efficace, où le taux de placement ne dépasse pas les 3 %, le débat s’est ouvert sur l’appel au secteur privé. « En tant que syndicat, nous ne sommes pas contre la collaboration entre le public et le privé, mais les garanties doivent être réunies. Le gouvernement réduit les capacités de l’Inem ; 3 000 conseillers d’orientation ont été licenciés en 2013. Il manque des investissements pour moderniser le système », assure Ana Isabel Santana.

« Les conditions de l’accord général nous posent problème », estime Rodrigo Fernandez, coordinateur de la Commission espagnole de l’aide aux réfugiés, active sur le champ de l’emploi et de l’insertion. Il critique les critères d’âge et de durée du chômage choisis par le système national de l’emploi : plus le demandeur d’emploi est âgé et chômeur de longue durée, plus la rétribution perçue par les agences de placement sera élevée (de 300 à 3 000 euros). « Ce système défini par âge risque de laisser de côté certains publics. Il sera plus facile de trouver un emploi à un ingénieur qu’à un ancien ouvrier du bâtiment », juge Rodrigo Fernandez.

Fixaton de critères complémentaires

Les critères complémentaires imposés par les régions pourraient néanmoins permettre de préciser et d’améliorer les placements et les priorités. Pour l’instant, seules la Castille-et-León et la Navarre ont fixé des critères relatifs à un public particulier : la première veut se concentrer sur les chômeurs sans prestation touchant des revenus minimaux d’insertion ; la seconde sur les collectifs à risque. Mais rien n’oblige les régions à établir de tels critères. Pour CC.OO, il serait intéressant de pouvoir affecter en priorité aux agences de placement les « personnes sans prestation et avec une faible formation ».

Des prix inférieurs de 30 %

L’Espagne évitera-t-elle la dérive constatée en France et pointée récemment par la Cour des comptes ? À savoir accorder les marchés aux cabinets privés ayant le plus tiré vers le bas le montant de leur prestation. Au ministère de l’Emploi, on s’en défend : « Le prix est l’un des facteurs de l’appel d’offres mais ce n’est pas déterminant. » Ana Isabel Santana émet des doutes: « Le prix a compté à 60 % dans la pondération pour la sélection des agences de placement. Leur capacité de formation, de construction de parcours de formation ou d’insertion n’a pas été prise en compte. Et la quasi-totalité des agences de placements ont déjà proposé des prix inférieurs de 30 % à ceux fixés par l’administration centrale. Nous craignons que cela ne soit un problème pour réduire notre fort taux de chômage structurel. »

DANS LES MÉDIAS

EL PAIS L’OIT alerte sur les salaires trop bas

L’Organisation internationale du travail (OIT) alerte sur la baisse des salaires en Espagne. Lors d’une présentation à Madrid, le directeur général de l’OIT a souligné que de nouvelles diminutions mineraient la demande interne. « La sortie de crise est proche », a assuré Guy Rider. Et il a souligné qu’il n’y a plus de motifs pour continuer de réduire les salaires. 29 septembre. El Pais, quotidien généraliste.

EL ECONOMISTA Pari budgétaire sur la baisse du chômage

Le budget pour 2015 présenté récemment se veut optimiste. À tel point que les dépenses consacrées aux prestations chômage vont diminuer de 15 %. Le ministre du Budget prévoit une évolution favorable du marché du travail. Mais le taux de chômage est toujours estimé élevé : 22,9 % selon Madrid d’ici à la fin de l’année prochaine. 30 septembre. El Economista, quotidien économique.

Auteur

  • Valérie Demon