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Sur le terrain

CONDITIONS DE TRAVAIL : L’hôpital de Marmande soigne ses TMS

Sur le terrain | publié le : 07.10.2014 | Séverine Charon

Le centre hospitalier s’attaque aux troubles musculo-squelettiques du personnel grâce à un programme qui allie information, formation et adaptation du matériel.

Depuis bientôt dix ans, l’hôpital de Marmande-Tonneins (Lot-et-Garonne, 699 équivalents temps plein à fin 2013) développe une stratégie qui vise à réduire les troubles musculo-squelettiques (TMS) de son personnel soignant. Cette politique comporte un volet d’information et de sensibilisation, des actions de prévention et de formation, ainsi qu’un suivi des accidents de travail liés aux TMS. Il a été distingué par le prix Prévention et promotion de la santé de la Mutuelle nationale hospitalière (MNH) en mai 2014.

Pour mieux prévenir les mauvais gestes, une équipe de quatre “animateurs en manutention manuelle des malades” a été constituée grâce à des agents de l’hôpital volontaires formés à la méthode Paul Dotte, développée par un kinésithérapeute pour les besoins spécifiques du milieu hospitalier. De plus, cinq à six fois par an, des sessions inscrites au plan annuel de formation sont proposées par les animateurs aux personnels soignants volontaires. Réunis pendant deux jours dans l’école d’infirmiers dépendant de l’hôpital, les stagiaires jouent à tour de rôle le patient et le soignant et apprennent à minimiser les problèmes de TMS et de dorsalgies. Une fois formés, ils deviennent “référents” et constituent un relais au sein de leur service, diffusant conseils et bonnes pratiques.

Une démarche efficace demandant peu de moyens

Par ailleurs, au cours de la journée d’accueil mise en place pour les nouveaux embauchés, les animateurs disposent de trois quarts d’heure pour sensibiliser les arrivants aux problèmes de TMS, expliquer comment utiliser correctement le matériel de manutention – qui a lui-même été progressivement adapté – et les inviter à participer à la session de deux jours.

Le suivi des arrêts de travail liés aux TMS – stables entre 2010 et 2013 (22 arrêts) –, alors que les effectifs ont crû de manière notable sur la même période, tend à montrer que la démarche est efficace. Avec des moyens plutôt limités puisque seules la formation initiale et la remise à niveau des animateurs exigent le recours à un prestataire externe. C’est en impliquant les différentes parties prenantes (soignants, direction du per­sonnel, CHSCT – un des animateurs en fait partie –, médecine du travail, fournisseurs de matériel médical…) et en constituant une équipe de formateurs et de relais eux-mêmes soignants que le programme a pu être développé.

« La démarche engagée montre toutefois des limites, car toutes les personnes exposées n’ont pas pris conscience du problème des TMS, et une minorité demande à suivre la formation », regrette Jean-Claude Cathala, kinésithérapeute et animateur. Pour cette raison, une session de formation complémentaire va être mise en place et les animateurs passeront une demi-journée au sein des services les plus exposés de l’hôpital pour prendre la mesure des besoins et contraintes réels du travail au quotidien et sensibiliser de nouveaux soignants.

Jean-Claude Cathala s’est aussi rendu compte en animant les formations que la prévention et les bons gestes ne pouvaient pas suffire. Souvent, les conditions physiques des soignants ne sont tout simplement pas assez bonnes pour l’exercice de métiers qui demandent de gros efforts. Grâce à la dotation du prix MNH, le kinésithérapeute et ses collègues souhaitent financer un programme de remise en forme avec un coach sportif, et proposer à tous les salariés de s’entraîner.

Auteur

  • Séverine Charon