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CANADA : Canada Goose, les GRH en mode mineur

Sur le terrain | International | publié le : 07.10.2014 | Ludovic Hirtzmann

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CANADA : Canada Goose, les GRH en mode mineur

Crédit photo Ludovic Hirtzmann

Canada Goose, le fabricant canadien de doudounes tendance, est l’une des grandes “success stories” du marketing de la mode. Mais si l’entreprise a su projeter une image bon enfant et socialement responsable de son activité, elle est plus discrète sur les conditions de travail et la GRH.

« Pas de commentaires », lance tranchante Carrie Baker. Interrogée sur le fonctionnement du département des ressources humaines et les pratiques salariales et de management de l’entreprise, la porte-parole de Canada Goose reste muette. Tout comme le Pdg Dani Reiss et l’équipe des ressources humaines, qui ne répondent à aucune question… qui ne soit pas promotionnelle. Canada Goose est à la une de nombreux médias canadiens, toujours sous le même angle : un jeune Pdg sau­ve une entreprise familiale dans le secteur déclinant du textile, et il en fait un succès Made in Canada. À la fin des années 1950, un immigrant polonais, Sam Tick, crée Metro Sportswear, une entreprise de parkas. La société demeure une PME jusqu’à ce que Dani Reiss, petit-fils du fondateur, en prenne les rênes en 2001, à moins de 30 ans, et change le nom pour Canada Goose. En une décennie, le chiffre d’affaires de la société passe de 3 millions à 250 millions de dollars. L’entreprise familiale devient mondiale. Elle exporte dans une quarantaine de pays et elle emploie, avec la sous-traitance, plus de 1 000 collaborateurs pour produire des doudounes, dont les prix varient de 600 dollars à 1 000 dollars.

Au Canada, la marque joue sur la fibre nationale. Tout est fabriqué sur place. L’entreprise a récemment déménagé son siège social dans d’agréables locaux torontois au joli décor arctique. Les salariés bénéficient d’une salle de gymnastique. Cet environnement de travail agréable, affiché par la société, ne concer­ne que quelques dizaines de cadres. L’essentiel des salariés travaillent dans des usines. Celle de Toronto emploie 100 personnes et celle de Winnipeg un peu moins. Canada Goose sous-traite aussi la production de ses parkas dans une vingtaine d’autres usines.

Les 1 000 emplois de Canada Goose sont donc essentiellement indirects, et la majorité de la main-d’œuvre est d’origine étrangère. « Nous créons de la diversité à Canada Goo­se, parce que c’est une force », a plaidé Dani Reiss au quotidien Financial Post l’an dernier. « Le secteur du textile est sinistré. Pour tenir le coup face à l’Asie, les conditions de travail et les salaires dans notre usine sont bas et l’on embauche des immigrants, c’est aussi simple que cela », confie ce directeur marketing d’une entreprise du secteur.

Les conditions de travail à Canada Goose ont mené à un conflit syndical en 2011, auquel la direction n’était pas prête. « J’aurais vraiment souhaité que quelqu’un me dise de ne pas attendre douze ans avant de créer un département des ressources humaines. Les gens sont la raison d’être de toute entreprise », a déclaré peu avant la fin du conflit Dani Reiss, au Toronto Star. C’est qu’au Canada, les services des ressources humaines sont souvent réduits à leur plus simple expression.

fin de conflit

Après six mois de conflit, la direction de Canada Goose a lâché du lest. Le syndicat Workers United, qui représente les travailleurs des deux usines, pouvait annoncer notamment la création d’un plan de retraite et des augmentations échelonnées. Mais il est difficile d’en savoir plus que les quelques lignes non chiffrées du communiqué de 2012. Le syndicat prétexte aujourd’hui un « agenda chargé » pour esquiver les questions sur l’issue de ce conflit. C’est parfois le cas au Canada lorsque les « unions » n’ont pu négocier de si bonnes conditions de travail.

DANS LES MÉDIAS

LA PRESSE Le service RH de Bombardier touché par la restructuration

Après avoir annoncé cet été le licenciement de 1 800 de ses employés, Bombardier Aéronautique a annoncé que la moitié des emplois concernés se situaient à Montréal, principalement dans les services des ressources humaines et de la communication. Trois cents personnes auraient déjà quitté l’entreprise. Selon la porte-parole du constructeur canadien, qui peine à remplir le carnet de commandes de son futur modèle concurrent des Airbus 320, seuls les postes d’ingénieurs, considérés comme de « l’expertise », échappent à cette vague de suppressions de postes. 30 septembre. La Presse, quotidien montréalais généraliste.

LE JOURNAL DE MONTRÉAL Le patronat québécois veut la fin du 1 % sur la formation continue

Les patrons québécois demandent au gouvernement libéral la suppression de la loi du 1 % sur la formation continue. Selon le patronat, mené par le Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec, cette loi en vigueur depuis 1985 n’a pas eu les effets escomptés, et son abolition stimulerait l’économie. Comme le souligne Le Journal de Montréal, le patronat de la Belle province préférerait que ces formations s’effectuent « aux frais de l’employé ». 23 septembre. Le Journal de Montréal, quotidien généraliste.

Auteur

  • Ludovic Hirtzmann