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Sur le terrain

BRÉSIL : Après le mondial, l’emploi reste sur la touche

Sur le terrain | International | publié le : 30.09.2014 | STEVE CARPENTIER

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BRÉSIL : Après le mondial, l’emploi reste sur la touche

Crédit photo STEVE CARPENTIER

La coupe du monde de football n’a pas eu d’effet durable sur l’emploi dans un pays où le chômage est reparti à la hausse cette année pour la première fois depuis 2009.

Et si la coupe du monde de football n’avait servi à rien ? C’est la question que se posent une grande partie des Brésiliens depuis mi-juillet et la fin de la plus grande compétition sportive de la planète. Car l’événement a fait naître beaucoup d’espoir chez le géant latino-américain, où l’économie montre des signes d’essoufflement. Le taux de chômage, qui a atteint 6,5 % de la population active en 2013, est ainsi reparti à la hausse pour la première fois depuis 2009. Un effet coupe du monde aurait été le bienvenu.

IMPACT NÉGATIF

Mais le miracle ne s’est pas produit. Pire encore : la coupe du monde aurait eu un impact négatif en freinant l’activité économique les jours de match. Et ils ont été nombreux : 64. Circonstance aggravante, lorsque l’équi­pe du Brésil est sur le terrain, c’est jour férié pour tout le monde : bureaux désertés, commerces fermés, industrie au ralenti. La fédération du commerce, des biens et des services (Fecomercio) de l’État de São Paulo a d’ailleurs fait son calcul : chaque jour chômé, c’est 10 milliards d’euros de perte pour l’économie nationale.

En 2011, Itau, l’une des principales institutions bancaires du pays, affichait pourtant son optimisme : la coupe du monde représente alors selon ses estimations 1,5 point de croissance chaque année jusqu’en 2014. Mais à l’époque, le Brésil surfe sur 4 % de croissance. En 2014, selon les prévisions les plus optimistes, elle ne dépassera pas 1 %. Longtemps vue comme le sauveur de l’économie brésilienne et une opportunité sans précédent pour créer des emplois, la grande fête du sport a raté son match. L’Institut brésilien de géographie et de statistique (IBGE) montre dans un rapport récent que la coupe du monde n’a pas eu l’impact attendu sur l’emploi en juin et juillet, alors que le tournoi battait son plein. Dans les villes qui ont accueilli des matchs comme Recife, Belo Horizonte ou Rio de Janeiro, le taux de chômage s’est même légèrement accru. Quant aux emplois temporaires, ils n’ont pas été suffisants pour créer un véritable raz de marée. En juin, à peine 25 000 emplois permanents ont été créés dans tout le pays, soit le pire résultat enregistré depuis 1998. Avec la lanterne rouge pour l’industrie de transformation, le commerce et la construction civile.

Une douche froide, alors que l’organisation d’un événement qui aura coûté 13 milliards d’euros aux caisses de l’État avait été annoncée comme la solution aux problèmes structuraux du pays. Selon les autorités, le tournoi aurait créé depuis 2011 un million d’emplois directs, dont 200 000 contrats temporaires signés durant la compétition elle-même. D’après le ministère du Tourisme, la coupe du monde serait toutefois responsable pour 15 % des 4,8 millions d’emplois créés pendant les quatre ans du mandat de la présidente Dilma Rousseff. Mais l’estimation comptabilise les emplois créés pour construire routes ou aéroports, travaux qui, avec ou sans coupe du monde, auraient dû être engagés, notamment via le PAC, le programme d’accélération de la croissance économique lancé en 2007 par l’ex-président Lula. Une sorte de New Deal version tropicale mis en route pour relancer les grands travaux d’infrastructures à travers tout le pays.

LICENCIEMENTS

Et quid des salariés du ballon rond qui, la grande fête du sport terminée, ont dû quitter les stades pour reprendre le chemin de la recherche d’emploi ? À Rio de Janeiro, le secteur des services s’apprête à licencier près de 40 000 personnes, employées principalement dans la restauration et l’hôtellerie. Mais, dans « la ville merveilleuse », on compte sur un autre événement pour pérenniser des emplois : les Jeux olympiques. Ils auront lieu dans la ville en août 2016 et devraient consolider Rio comme la première destination touristique du pays.

DANS LES MÉDIAS

EXAME Le blues des patrons

Daprès une étude récente réalisée sur un échantillon de 115 petits ou grands chefs d’entreprise par le cabinet de recrutement Talenses, 39 % des dirigeants brésiliens se déclarent stressés dans leur travail. Les raisons ? La prise de décision et ses conséquences incertaines dans une économie qui tourne au ralenti, l’accumulation des tâches dans des entreprises qui n’embauchent pas suffisamment de cadres supérieurs pour les épauler, et la vie de famille laissée entre parenthèses et qui ne satisfait personne. Deux sur trois jugent aussi leur présence au bureau beaucoup trop importante. 11 septembre. Exame, magazine économique en ligne.

EPOCA NEGOCIOS Les cadres en voyage d’affaires

Au Brésil, les chefs d’entreprise ou cadres supérieurs voyagent de plus en plus à l’étranger. Emdoc, une entreprise spécialisée dans la délocalisation des entreprises, a ainsi enregistré une hausse de 300 % du nombre de déplacements à l’étranger réalisés par ses clients en 2014 par rapport à 2013. Un mouvement qui s’explique par la présence de plus en plus forte de filiales de grandes entreprises brésiliennes sur le continent américain, notamment aux États-Unis, principale destination des dirigeants brésiliens, suivis de la Colombie, de l’Argentine et du Mexique. 17 septembre. Epoca Negocios. Mensuel économique.

Auteur

  • STEVE CARPENTIER