logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Sur le terrain

Retour sur… Les actions de La Poste en Aquitaine pour la santé et la qualité de vie au travail

Sur le terrain | publié le : 23.09.2014 | CATHERINE SANSON-STERN

DEPUIS 2012, s’inspirant du référentiel québécois « Entreprise en santé », la plate-forme industrielle de tri du courrier de Cestas multiplie les initiatives en faveur de la santé de ses agents.

Créée en 2009, la plate-forme industrielle de tri du courrier (PIC) de Cestas a regroupé les centres de tri de plusieurs départements aquitains (Gironde, Dordogne, Lot-et-Garonne, Landes et récemment Pyrénées-Atlantiques). Dans ce bâtiment de 30 000 m2, situé au milieu des pins, 450 agents trient, à l’aide de machines ultramodernes, 2,5 à 3 millions de plis par jour, 24 heures sur 24 et six jours sur sept.

Après deux ans d’un démarrage difficile, les actions lancées par la direction en faveur de la santé et de la qualité de vie au travail (SQVT) en ont fait un établissement innovant reconnu au niveau régional – l’Afnor lui a décerné le label “courrier responsable” en 2014 pour son engagement sociétal et environnemental – ainsi qu’au niveau du groupe La Poste – qui lui a remis les palmes d’or de la Santé au travail en 2012.

S’inspirant du référentiel québécois “entreprises en santé” (lire Entreprise & Carrières n° 1199), son directeur, Olivier Collin, a souhaité mettre la SQVT au cœur de son action, convaincu que « la performance de demain sera créée en misant sur la san­té ». Une santé comprise au sens large : « Nous avons beaucoup travaillé avec le CHSCT sur l’amélioration des conditions de travail, la prévention et la sécurité, explique-t-il. Nous souhaitons aller plus loin pour réduire l’absentéisme avec des leviers complètement nouveaux : l’équilibre vie professionnelle-vie personnelle en facilitant le temps partiel, la formation, en accompagnant les projets individuels et en allant vers une chose essentielle : la convivialité. »

Plutôt que d’imposer des solutions d’en haut, la direction a privilégié la coconstruction de son projet d’établissement. S’inscrivant dans le cadre de l’accord QVT national, ce projet baptisé “santé et performance” comprend 13 programmes stratégiques visant l’équilibre entre santé des salariés, satisfaction des clients et performance économique et environnementale de l’entreprise. « Il est indispensable d’associer la convivialité à la performance, affirme Pierre Wandji, représentant syndical FO qui a piloté le programme sur la convivialité. À l’ouverture de la PIC, on ne parlait que chiffres et performance et l’ambiance était mauvaise. Or, si les travailleurs ne sont pas contents de venir, ce n’est pas bon pour l’entreprise. »

DE NOMBREUSES INITIATIVES

Chaque UAC, unité autonome de courrier d’une dizaine d’agents (lire l’encadré), a fait des propositions cohérentes avec les objectifs du projet global, mais très variées. Les chauffeurs de poids lourds ont demandé une station de gonflage leur évitant de parcourir 15 km jusqu’à la station la plus proche. Une équipe a demandé à participer à un raid en faveur d’enfants handicapés, une autre a réclamé une meilleure ergonomie de l’environnement de travail, tandis qu’une troisième proposait la création de jardins partagés. Ouverts en avril, ces carrés de terre permettent à 16 personnes de divers services de cultiver leur potager sur leur lieu de travail.

La conciergerie solidaire, proposée et financée par la direction, a été bien accueillie aussi. Depuis mars, 25 % des agents ont déjà utilisé au moins un service : panier de légumes, vidange, blanchisserie, etc. La direction s’implique aussi dans la promotion d’une vie saine auprès de ses agents : aide à l’arrêt du tabac, sensibilisation par des diététiciens à l’importance de bien se nourrir, menus adaptés aux différents régimes de travail à la cantine, interdiction de l’alcool…

Sans nier l’intérêt de ces initiatives, Denis Dupuy, secrétaire CGT du CHSCT, souhaite recentrer le débat sur les conditions de travail : « Plus de 30 % de l’effectif de production, soit 130 personnes, sont en longue maladie, en inaptitude totale, partielle ou avec des restrictions de positions », dénonce-t-il. « Nous sommes à moins de 10 % de l’effectif en inaptitude en quotité pleine, rétorque Olivier Collin. Et, comme nous aménageons fortement l’ergonomie de nos postes de travail, nous accueillons des personnes en inaptitude d’autres métiers, voire de filiales. »

BAISSE DES ACCIDENTS ET DE L’ABSENTÉISME

Thierry Lemonnier, responsable de la qualité et des ressources humaines, précise que « l’accidentologie a baissé de 31 % entre 2013 et 2014, et la reconnaissance en maladie professionnelle de 22 % ». Autre résultat positif : la réduction de l’absentéisme de 15 % en cinq ans. Mais si les arrêts de travail courts (1 à 30 jours) ont baissé de 10 % à 15 % en un an, ceux de plus de 30 jours ont augmenté de 18 %, liés à des maladies graves (cancers, AVC, hernies discales, maladies cardiaques…) mais aussi souvent à des troubles musculo-squelettiques.

Outre un travail permanent avec les ergonomes et la mise en place de la polyactivité (lire l’encadré), la lutte contre les TMS passe par l’innovation. « Depuis 2011, nous avons développé une démarche participative avec les équipiers qui a permis la création ou l’adaptation de dizaines d’outils pour réduire la pénibilité, souligne le DRH. Cela plaît et permet des changements pragmatiques qui peuvent aboutir en deux ou trois mois. »

POLYACTIVITE
Des unités autonomes pour lutter contre l’isolement et la monotonie

Pour limiter le risque d’isolement des salariés généré par la création de ces immenses usines à trier le courrier, des UAC (unités autonomes courrier) ont été mises en place il y a deux ans, en parallèle de l’introduction de la polyactivité. Ces équipes de 10 à 12 agents changent d’activité deux à trois fois par vacation, réduisant ainsi la monotonie d’une tâche répétitive et le risque de TMS, tout en créant un collectif de travail.

Auteur

  • CATHERINE SANSON-STERN