Le management néolibéral peut parfois être qualifié de néotaylorisme tant il repose sur la rationalisation des actions et la contrainte. Il s’agit de réduire à leur portion congrue les pertes de temps et de systématiser les contrôles pour obliger le salarié à apporter à sa tâche toute son attention et toute son énergie à l’exclusion de toute autre considération. Accolé à l’individualisation des conditions de travail et de rémunération, il tend à enserrer le salarié dans un réseau d’obligations auquel il ne peut se soustraire sans se retrouver en situation de faute professionnelle ou d’incompétence supposée.

Selon les auteurs, l’un professeur de sociologie et l’autre président de la société AlterNego, ce management fait la fortune des cabinets de consultants, dans la mesure où il ne fonctionne pas longtemps et peut donc être rajusté et réactualisé sans cesse. Oublier le facteur humain comme levier de motivation au travail est de nos jours un phénomène aussi récurrent qu’inefficace, puisque c’est vouloir prendre les salariés au piège d’une stricte exploitation utilitariste qui ne saurait les motiver.

Les auteurs rappellent au contraire que les hommes se sentent largement plus obligés par la logique du don-contredon mise en évidence pour la première fois par Marcel Mauss en 1925. La véritable efficacité managériale consiste à donner aux salariés la reconnaissance et le respect qu’ils attendent plutôt que de trop vite vouloir emporter la mise sans payer de retour.