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Grande-BretagneLES ENTREPRISES FACE AU CASSE-TÊTE DU CONGÉ PARENTAL PARTAGÉ

Pratiques | International | publié le : 09.09.2014 | STÉPHANIE SALTI

La loi entrera en vigueur en avril 2015. Mais les entreprises doivent déjà pouvoir répondre aux salariés qui demanderont à partager un congé parental avec la mère de leur enfant.

Les entreprises britanniques s’inquiètent : alors que l’entrée en vigueur légale du congé parental partagé est fixée à avril prochain, les sociétés devront être en mesure de répondre aux demandes des éventuels intéressés dès cet automne. Sont en effet concernés par la loi les parents d’un enfant dont la naissance est prévue à partir du 5 avril 2015.

Selon les nouvelles règles, après la naissance d’un enfant ou une adoption, les deux parents seront autorisés à prendre à eux deux jusqu’à 52 semaines de congé, dont 39 semaines avec le salaire minimum légal. À l’heure actuelle, les mères ont la possibilité de transférer une partie de leur congé aux pères dès lors que l’enfant atteint 20 semaines.

Parvenir à une solution concertée

Avec la nouvelle réforme, elles pourront retourner au travail plus rapidement et céder le reste de leur congé maternité au père, lequel préserve son droit aux deux semaines de congé paternité immédiatement après la naissance. Pères et mères devront donner à leur employeur respectif un préavis d’au moins huit semaines avant la prise du congé, éventuellement fractionné au cours de ces 52 semaines.

Mais, si les règles sont posées, le degré de préparation des entreprises est en revanche beaucoup plus variable d’une société à l’autre : « Notre intention est de réunir les RH de nos établissements dans le pays afin de parvenir à une solution concertée et harmonieuse », indique la gestionnaire en ressources humaines de la filiale britannique d’une société française basée à Londres. Pour cette professionnelle, beaucoup d’inconnues demeurent : « Le taux d’adoption de ce dispositif dépend de beaucoup de facteurs. Par exemple, la séniorité : les personnes les plus élevées dans la hiérarchie ont tendance à vouloir montrer leur implication au sein de l’entreprise en retournant au travail le plus tôt possible. »

Selon Jennifer Bartlett, avocate spécialisée dans le droit du travail chez Kingsley Napley, « les réglementations se sont succédé ces deux dernières années, et les entreprises se retrouvent à l’heure actuelle à devoir accommoder différentes législations, dont celle sur le travail flexible ». D’autant que cette réforme pourrait s’accompagner d’un certain nombre d’obstacles légaux : « Le refus d’accorder un congé parental amélioré aux pères pourrait conduire à des cas de discrimination », explique l’avocate. Et la facture pourrait être élevée : selon le gouvernement britannique, les coûts associés à l’offre d’un congé parental partagé sur la base d’un minimum légal s’élèveraient déjà pour les employeurs à 45,5 millions de livres par an.

Dispositions attractives

Certaines entreprises, à l’image de la banque Citi, sont néanmoins disposées à aller plus loin que le minimum légal : « Nos efforts en matière de gestion des congés maternité ont permis de faire de Citi une marque attractive, et nous ne voulons absolument pas changer cette perception », explique Carolanne Minashi, responsable diversité et relation avec les employés pour Citi dans la région EMEA.

La banque accorde aux mères un salaire amélioré pendant les 26 premières semaines de leur congé maternité. Les 13 semaines additionnelles sont rémunérées sur la base d’un congé maternité légal tandis que les 13 semaines restantes ne sont pas rémunérées. Le congé parental des pères a également été porté à six semaines à Citi, sur une base améliorée, au lieu des deux semaines légales : « Nous penchons actuellement pour une approche qui permettrait d’accorder entre quatre et huit semaines de congé parental partagé amélioré, explique la responsable de Citi, qui estime à 10 % le taux de personnes potentiellement intéressées par ce dispositif. Nous avons d’ores et déjà un certain nombre de pères demandant un prolongement de leur congé paternité, en particulier ceux dont la compagne est le premier contributeur de revenus dans le ménage. »

Auteur

  • STÉPHANIE SALTI