logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Enjeux

Le pouvoir d’une vision partagée

Enjeux | LA CHRONIQUE DE MERYEM LE SAGET, CONSEIL EN ENTREPRISES À PARIS. <> | publié le : 09.09.2014 |

Image

Le pouvoir d’une vision partagée

Crédit photo

Pourquoi certaines entreprises font-elles un grand bon en avant grâce aux méthodes de vision partagée, alors que d’autres stagnent en donnant l’impression qu’elles se sont laissé séduire par la dernière idée à la mode ? Les nombreuses démarches de vision que j’ai accompagnées me permettent d’avancer quelques hypothèses.

Une vision profonde est mille fois plus puissante qu’une vision rapide. On peut bien sûr réunir un comité de direction pendant deux jours et l’aider à formaliser l’avenir qu’il imagine pour son organisation. Mais rien ne remplace la puissance d’une vision profonde, issue du parcours de tous les collaborateurs de l’entreprise partis à l’écoute de leur environnement et travaillant ensemble avec créativité pour inventer les solutions de demain.

Une bonne vision est le produit d’un travail collectif. Ce n’est pas l’affaire d’une personne. Si la vision repose uniquement sur le leader, cela engendre de la dépendance : les personnes “attendent la suite”, c’est-à-dire les détails de la vision, le “comment” pour accompagner le “quoi”. Progressivement, le leader prend l’habitude d’éclairer la route seul avec ses idées, et il attend que les autres appliquent ce qu’il pense. Un certain conformisme top-down s’installe, on revient vers le chef quand on ne voit plus très bien ce qui est attendu. À terme, la “vision solo” engendre l’asphyxie d’une grande organisation. Dans une vision issue d’un travail collectif, en revanche, le résultat est beaucoup plus riche, car il inclut des points de vue variés, et chacun est en mesure de prendre des initiatives.

On ne connaît jamais assez ses clients. On croit en savoir beaucoup sur eux, et c’est en partie vrai. On a tous les chiffres, on sait qui ils sont et ce qu’ils achètent. Mais connaît-on ce qu’ils ressentent, ce qui les anime, comment ils aimeraient que l’entreprise se développe pour mieux répondre à leurs attentes ? Aller les écouter est irremplaçable, on en apprend chaque jour davantage. La vraie dynamique du changement commence là.

Pas de démarche de vision sans action. À quoi servirait d’explorer ensemble « qui l’on veut devenir », si l’on n’enclenche pas tout de suite certains changements. Une vision sans action n’est qu’illusion, fort sympathique peut-être, mais elle mourra sous la forme d’un poster accroché au mur. Une vision partagée vit par les initiatives de chacun. Quand chaque collaborateur a contribué à la création de ce futur long terme, c’est plus facile, car il sait ce qui est recherché et voit comment y contribuer.

Une vision partagée s’accompagne d’une transformation du management. Effectivement, le processus est apprenant. Dans une démarche de vision participative, on peut difficilement rester dans sa tour d’ivoire et regarder ses collaborateurs de haut en croyant détenir la vérité. Au contraire, on explore ensemble la question : qui veut-on devenir ? Le manager tient le rôle du facilitateur, il accompagne l’émergence de ce travail collectif et assure un cadre sécurisant pour que chacun puisse s’exprimer et contribuer avec enthousiasme à la création de la vision. La discussion fait ressortir des aspirations, des rêves, des idées d’innovation, mais aussi des valeurs auxquelles le groupe est attaché. Une vision réussie est donc l’occasion à la fois de construire l’avenir en commun et de redéfinir les principes essentiels du vivre-ensemble tels qu’on les imagine.