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Enquête

VERS LA MODULATION HEBDOMADAIRE DU TEMPS DE TRAVAIL

Enquête | publié le : 02.09.2014 | N. L.

L’un des leaders de la relation client va décliner un accord d’annualisation du temps de travail sur son site d’Aix-en-Provence. Un autre établissement est en négociation à Strasbourg. Au menu : une modulation hebdomadaire, assortie de plusieurs garde-fous.

Les semaines de 35 heures, avec journées de 7 heures mais aussi coupures quotidiennes pouvant aller jusqu’à 4 heures, vont bientôt prendre fin pour de nombreux salariés de B2S à Aix-en-Provence (près de 250 personnes au total). À l’issue de six mois de négociation, SUD et la CFTC ont signé le 20 août un accord d’annualisation, sans la CFDT. Dans ce groupe de près de 5 000 salariés qui compte sept sites en France, seul celui de Valenciennes (environ 900 salariés) disposait déjà d’un accord d’annualisation datant des lois Aubry.

Principale disposition du nouvel accord : une modulation hebdomadaire, avec au maximum 10 semaines hautes de 38 heures ou 39 heures (pas plus de trois consécutives) et 10 semaines basses de 25 heures à 29 heures. « Cet accord va permettre de mieux faire face aux fortes variations d’activité ; il est essentiel pour améliorer l’attractivité du site, assure Gaëlle Bonnefond, DRH groupe. Les salariés sont eux aussi gagnants, grâce aux garanties prévues pour mieux concilier vie privée et vie professionnelle. » Des garanties décisives, selon Abdelkader Benaouda, DSC SUD : « Les plannings seront affichés sur huit semaines, la coupure dans la journée ne pourra excéder 1 h 30 et l’horaire de prise de poste ne pourra pas varier de plus de 2 heures, ce qui évitera de passer du matin à l’après-midi au cours de la même semaine. »

« L’annualisation est un facteur clé de compétitivité, reconnaît Nicolas Zeimetz, DSC CFDT, mais les contreparties sont insuffisantes. Il n’y a pas de compensation salariale ou, a minima, de jours de repos supplémentaires. Par ailleurs, le temps de travail effectif quotidien peut atteindre 9 heures, ce qui est insupportable dans un centre d’appels. »

La DRH assure, pour sa part, qu’elle sera « très vigilante sur l’application de l’accord, afin de privilégier le plus souvent possible des rythmes plus légers. Nous n’avons aucun intérêt à compliquer la vie des salariés, ce qui affecterait la qualité de la prestation et augmenterait l’absentéisme », relève Gaëlle Bonnefond. D’où l’importance du suivi de la charge de travail, renseignée mensuellement par le salarié, et du comité de suivi paritaire semestriel, prévus dans l’accord. « D’ici à huit mois environ, en cas de gros problèmes d’application ou d’absence d’impact sur l’attractivité du site, nous dénoncerons l’accord », prévient Abdelkader Benaouda.

Impacts sur les rythmes de travail

Un deuxième projet d’accord d’annualisation, avec quelques différences notables, est finalisé pour le site de Strasbourg (près de 250 salariés), un an et demi après le début des négociations. « Nos revendications ont été fortes pour obtenir des garanties et limiter la flexibilité à outrance que peut représenter l’annualisation, explique Huguette Lambert, DS FO (74 % des suffrages). Il y a plusieurs garde-fous intéressants, mais aussi des bémols, et les impacts sur les rythmes de travail seraient sensibles ; donc nous communiquons beaucoup avec les salariés et nous sommes en train d’organiser un vote pour arrêter notre décision. » Verdict mi-septembre.

Au chapitre des garanties : au maximum un temps de travail effectif quotidien de 8 heures et hebdomadaire de 39 heures, une semaine haute suivie obligatoirement d’une semaine basse ou intermédiaire, l’accord du salarié et la majoration des heures modifiées en cas de délai de prévenance réduit, et l’exclusion du système d’annualisation des femmes enceintes, des temps partiels, des salariés handicapés et de ceux en horaires postés (contractuellement). Les salariés pourraient également choisir quatre jours dans l’année où ils ne souhaitent pas travailler (« jours de déstaff »). A contrario, FO regrette que la coupure de journée puisse atteindre deux heures, que le nombre maximal de semaines hautes et basses soit de 14 (et non de 10) et dénonce une absence de visibilité sur les effets réels de l’accord.

Validation espérée

Faute d’accord, la direction pourrait imposer une modulation sur quatre semaines aux nouveaux embauchés et aux salariés volontaires, conformément aux dispositions légales et conventionnelles. Mais la DRH groupe, qui envisage ultérieurement d’autres négociations sur d’autres sites, dit « espérer vivement que le projet d’accord pour Strasbourg sera validé ».

B2S

• Activité : centres d’appels et de la relation client.

• Effectif : 5 000 salariés.

• Chiffre d’affaires 2013 : 133 millions d’euros.

Auteur

  • N. L.