On a coutume d’aborder le secteur des produits de luxe du point de vue de la clientèle, voire de la part qu’il occupe dans la balance commerciale. Mais l’industrie du luxe, c’est aussi un gisement d’emplois peu délocalisable pour des questions d’images de marque notamment. Issu de traditions artisanales centenaires, le luxe n’échappe cependant pas à la logique de concentration liée à la financiarisation de l’économie et à la globalisation. Il s’agit aujourd’hui d’un secteur pris en tenaille entre les exigences de rentabilité du capitalisme hyperconcurrentiel moderne et la tradition des métiers. Sa main-d’œuvre est ainsi confrontée à un système d’injonctions contradictoires : minutie/rapidité; savoir non formalisé/ transmission des connaissances; tradition/numérisation des outils; héritage/ innovation; ancrage territorial/délocalisation des opérations à faible valeur ajoutée… Selon Nathalie Darène, enseignante à l’université de technologie de Compiègne, spécialiste du management de l’innovation, le secteur, s’il se porte plutôt bien, est aujourd’hui à la croisée des chemins d’un point de vue social. Il appartient aux sous-traitants mis en concurrence de s’adapter aux nouvelles lois du marché leur permettant de travailler davantage en réseau pour s’adapter à une demande très évolutive. À partir de deux exemples, la fabrication des flacons de parfums de luxe et l’horlogerie haut de gamme, l’auteur rappelle les conditions d’émergence et de prospérité de l’industrie du luxe et précise les enjeux économiques, professionnels et sociaux auxquels il devra faire face.

Fabriquer le luxe

Nathalie Darène, éditions Presses des Mines, 296 pages, 35 euros.