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Les entreprises, partenaires clés de la réussite

Pratiques | RETOUR SUR… | publié le : 26.08.2014 | MARIETTE KAMMERER

En dix ans, le pari est réussi pour les écoles de la deuxième chance, qui ont multiplié par dix leur capacité d’accueil de jeunes décrocheurs et parviennent à en réinsérer près de 60 %.

Grâce à l’école de la deuxième chance, José, 20 ans, est en formation chez Renault depuis un an pour devenir vendeur de voitures. Une réussite inespérée, alors qu’il avait décroché depuis la fin du collège. Le réseau des Écoles de la 2e chance (E2C), qui vient de fêter ses dix ans, a accueilli depuis ses débuts plus de 50 000 jeunes de 18 à 25 ans sortis du système scolaire sans qualification. Et a permis à 58 % d’entre eux de trouver en quelques mois un emploi ou une formation qualifiante. En 2013, la moitié de ces “sorties positives” concernaient des emplois de plus de six mois, grâce notamment aux emplois d’avenir. Une prouesse quand on connaît le profil des jeunes : 20 ans en moyenne, aucune expérience en entreprise (65 %), et un niveau inférieur à V (85 %).

L’originalité du dispositif – et son efficacité – réside dans l’alternance entre des cours de remise à niveau et six ou sept stages en entreprises qui permettent au jeune de définir un projet professionnel.

En dix ans, le réseau a multiplié par dix sa capacité d’accueil. En 2013, il a accueilli 14 500 jeunes décrocheurs dans ses 105 sites-écoles dans 47 départements. Les parcours sont individualisés et durent en moyenne six mois et demi. Les jeunes sont stagiaires de la formation professionnelle et participent à des cours dispensés en petits groupes par des formateurs pour adultes, adaptés au niveau du jeune. Ils portent sur les savoirs de base (français, maths, informatique), le comportement, et l’environnement socio-économique. « C’est une pédagogie de la réussite qui consiste à ne jamais les mettre en échec », souligne Jean Serror, directeur de l’E2C Val-de-Marne. Pendant tout son parcours, le jeune est accompagné par un référent qui l’aide à découvrir un maximum de métiers et à valider une ou deux orientations.

Découverte des métiers

Les partenariats avec les entreprises locales sont au cœur du dispositif, pour accueillir les jeunes en stage et proposer des actions de découverte des métiers. « Ces entreprises sont des grands groupes comme La Poste, EDF, des collectivités locales, et des PME qui emploient des premiers niveaux de qualification, dans le BTP, la restauration, l’artisanat, le commerce, les services à la personne », indique Lionel Urdy, fondateur de la première E2C en 1997 à Marseille. Dans le Val-de-Marne, l’E2C compte une trentaine d’entreprises partenaires, dont GRDF, qui accueille environ 10 stagiaires par an sur des métiers de plomberie et d’accueil. « Les stages sont un bon moyen de faire connaître nos métiers et de sécuriser nos recrutements en alternance », explique Olivier Dusart, responsable RSE chez GRDF. L’année dernière par exemple, cinq stagiaires E2C sont entrés en apprentissage chez GRDF et trois apprentis issus d’E2C ont été embauchés en CDI. « Les entreprises nous connaissent et nous font confiance : on vient sur le terrain à chaque stage, on leur remet des outils de suivi, elles savent que le jeune est très encadré », souligne Lionel Urdy. Et, garantie supplémentaire pour les employeurs, l’école continue à suivre chaque jeune pendant un an après sa sortie du dispositif.

Quand une entreprise ne peut pas recruter directement les stagiaires, en raison d’un plan de licenciements par exemple, elle peut les aider grâce à son réseau. C’est le cas d’Air France Industries : « Nous les mettons en lien avec Airemploi, avec l’association de formation Jéremy, et on les aide à préparer l’entrée en CFA, dans lequel nous avons négocié 10 inscriptions gratuites », explique Nicole Goineau, responsable développement durable à Air France Industries.

Changement de dynamique

Les clés du succès tiennent donc à l’individualisation du parcours, au suivi renforcé par un référent et, bien sûr, aux nombreux stages: « La mise en situation concrète de travail valorise les jeunes, les remet dans une logique de réussite et les mobilise pour les apprentissages », constate Jean Serror. « Et les entreprises jouent le jeu, ce qui n’était pas gagné au départ », se souvient Lionel Urdy. Concernant les 42 % d’élèves qui ne sortent pas directement vers un emploi ou une formation : « Ce n’est pas forcément un échec, ils ont besoin de plus de temps, mais on sait que, pour eux aussi, le changement de dynamique est enclenché et portera ses fruits », conclut le fondateur d’E2C.

5 500 EUROS PAR JEUNE ET PAR AN

Le coût du dispositif est de 5 500 euros par jeune et par an. La majorité des E2C sont gérées par une association ad hoc, portée par une collectivité locale ou une chambre consulaire, et sont adossées à un CFA ou à un organisme de formation. Toutes les E2C doivent être labélisées par le réseau. Elles sont financées à 30 % par l’État et à 30 % par la région. Le reste provient du fonds social européen, des communautés de communes et de la taxe d’apprentissage versée par les partenaires (ce qui représente 8 % du total). Les entreprises contribuent aussi par diverses actions de mécénat : GRDF verse 10 000 euros pour une bourse au permis de conduire, Air France Industries, membre fondateur de l’E2C Val-de-Marne, a équipé gracieusement l’école en mobilier de bureau…

Auteur

  • MARIETTE KAMMERER