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États-UnisQUALCOMM, PARADIS DU STAGE DE FIN D’ÉTUDES

Pratiques | International | publié le : 26.08.2014 | CAROLINE TALBOT

Les grandes compagnies de la Silicon Valley s’arrachent les CV des stagiaires les plus prometteurs. Et font en sorte de les séduire pour recruter. Exemple avec l’équipementier en télécoms californien Qualcomm. Loin des pratiques d’autres secteurs qui payent peu ou font trimer ces jeunes recrues jusqu’à l’épuisement.

Le groupe Qualcomm, l’un des équipementiers leaders dans la téléphonie mobile, s’inscrit régulièrement en pole position dans le palmarès des 100 entreprises où il fait bon travailler du magazine Fortune. Et c’est en grande partie grâce à sa gestion généreuse des stagiaires. Qualcomm, qui fournit notamment les puces des meilleurs smartphones et tablettes du marché, cherche les ingénieurs, informaticiens et experts high tech les plus performants de son industrie, et elle ne lésine pas sur les moyens. Elle paie généreusement ses stagiaires, les loge et prend en charge leur voyage pour arriver à son siège de San Diego.

3 500 euros mensuels

Cette année, 800 stagiaires, étudiants en ingénierie, programmation… fréquentent Qualcomm pour une période allant de trois à neuf mois maximum. Ce stage peut s’inscrire dans le cadre de leurs études universitaires. Et Qualcomm, qui reçoit 25 000 candidatures par an, déroule le tapis rouge à ces rares élus. C’est que la concurrence est rude entre les équipementiers des télécoms, Microsoft, Google, Facebook… Selon la banque de données réalisée par le site d’emplois Glassdoor, le stagiaire en ingénierie chez Qualcomm aura droit à une rétribution mensuelle de quelque 3 500 euros (4 690 dollars), soit beaucoup plus que celui du groupe de conseil Accenture (3 476 dollars) ou de la banque UBS (2 047 dollars)… mais un peu moins que Microsoft et Google, qui dépassent les 4 200 euros mensuels (5 700 dollars).

À ce tarif, le stagiaire est censé travailler 40 heures par semaine sur des projets réels de l’entreprise. Mais, en outre, le service des ressources humaines fait tout pour que le nouveau venu se sente bien. On lui paie son billet d’avion pour arriver chez Qualcomm, on le loge gracieusement dans un appartement nettoyé régulièrement par une femme de ménage. Qualcomm lui propose aussi des loisirs: des sorties cinéma, des concours de kickball… On les forme en outre au leadership, à la gestion du temps, à la technologie mobile. Les cadres supérieurs et le Pdg lui-même participent à quelques-unes de ces séances. La direction de Qualcomm prend très au sérieux ses stagiaires. Et pour cause. Les trois mois minimum de présence sur le campus de l’entreprise permettent de distinguer les meilleurs: 60 % d’entre eux deviennent salariés du groupe après avoir décroché leur diplôme.

Des industries rarement généreuses

Ce traitement de faveur de l’expert high tech offre un contraste étonnant avec les stagiaires d’autres industries, très peu rémunérés. Ainsi, selon un sondage réalisé en 2012 par le groupe d’études Intern Bridge auprès de 11 000 étudiants, 38,2 % déclaraient ne pas avoir de salaire horaire. Les médias, les télévisions, les entreprises de relations publiques, les producteurs de films… sont particulièrement connus pour leur radinerie. Une élève de la New York University a ainsi levé le voile sur les pratiques du cinéma lorsqu’elle a lancé une pétition dénonçant les méthodes de la société Lions Gate Entertainment. Christina Isnardi dit avoir travaillé jusqu’à 17 heures par jour pendant le tournage du film Black Swan… pour rien. Le quotidien des affaires, le Wall Street Journal a recensé une trentaine de poursuites en justice contre Condé Nast, Warner Music, Sony Universal, Fox… pour abus de stages. Ces dossiers ne sont pas aisés à plaider, mais le seul fait d’avoir publiquement dénoncé ces mauvaises pratiques a eu un impact sur les stratégies des entreprises. L’émission de télévision publique Charlie Rose a ainsi indemnisé après coup 189 stagiaires en leur versant 1100 dollars à chacun. Viacom, un autre grand de la télé, indemnise dorénavant ses stagiaires. Leurs fiches de paie sont bien sûr encore loin du pont d’or offert par Qualcomm, la compagnie où il fait bon travailler quand on est stagiaire.

Auteur

  • CAROLINE TALBOT