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Enquête

SURMONTER LA CRISE AVEC LE TEMPS PARTAGÉ

Enquête | publié le : 26.08.2014 | V. Q.

Après une période critique qui s’est traduite par une baisse importante des CDI, le groupement vendéen mise sur ce qui fait sa spécificité, le temps partagé, pour fidéliser les adhérents.

Qui mieux qu’un ancien concurrent pour apprécier les qualités d’une entreprise ? Recruté en janvier 2014 comme directeur du groupement d’employeurs Mer & Vie, à Saint-Gilles-Croix-de-Vie, Marc Breffeil a dirigé auparavant plusieurs agences d’intérim, dont l’une dans le même bassin d’emploi : « Il était alors très difficile de se battre contre ce groupement, qui avait une image d’entreprise locale très forte », se souvient-il.

Mais la crise de 2008 a changé la donne. Les entreprises, y compris celles adhérant à Mer & Vie, ont gelé leurs recrutements. Le groupement s’est adapté en multipliant les mises à disposition à court terme. Résultat : une chute des CDI, de moins en moins de salariés en temps partagé et une image du groupement brouillée, l’assimilant peu ou prou à une ETT (entreprise de travail temporaire). Une erreur, selon Marc Breffeil. « Il faut au contraire marquer sa différence. Aujourd’hui, les ETT ont des impératifs de rentabilité qui les conduisent à aller vite et à industrialiser leurs process. Notre valeur ajoutée, c’est la connaissance des salariés, de nos adhérents et du tissu économique. C’est là-dessus qu’il faut travailler. Mon objectif est de transformer les CDD en CDI, parce que c’est le temps partagé qui fait la spécificité du groupement. »

Fini le recrutement systématique à l’extérieur pour répondre à la demande d’une entreprise. À présent, la solution est d’abord recherchée parmi les salariés du groupement. Chaque salarié à temps partiel est reçu individuellement par le directeur ou la chargée de recrutement afin de connaître ses souhaits professionnels, ses compétences et mieux les « matcher » avec les demandes des entreprises.

Efforts de prospection

La consolidation des emplois passant par l’augmentation de la base d’adhérents, le nouveau directeur s’est livré à une analyse du territoire. Il concentre ses efforts de prospection sur 50 entreprises, qui représentent 80 % du potentiel d’activité.

Avec les entreprises adhérentes, le directeur et son équipe mettent à profit les méthodes de gestion acquises dans l’intérim pour soigner l’accompagnement et le suivi des salariés mis à disposition.

Les entreprises apprécient. « Il a apporté du professionnalisme dans le reporting des heures travaillées et m’a alertée sur certaines évolutions de la législation sociale. C’est très sécurisant », estime Corinne Brenon, DRH de NV Equipment, une entreprise de 90 personnes qui fabrique du matériel de protection pour bateaux.

La démarche de pérennisation des emplois du groupement présente aussi pour elle l’intérêt d’avoir des salariés plus impliqués, « avec lesquels on peut avancer de manière constructive ». Elle travaille d’ailleurs avec le groupement à l’insertion à terme de salariées sur des postes de piqueuses afin de remplacer des départs à la retraite prévus dans trois ans. « En attendant de pouvoir les intégrer, il est rassurant d’avoir le groupement pour assurer la pérennité de leur emploi », apprécie la DRH.

En six mois, les efforts de l’équipe commencent à porter leurs fruits. Le turnover des salariés a nettement chuté : il faut aujourd’hui deux salariés pour faire un ETP, contre quatre en début d’année. Le temps moyen de mise à disposition a augmenté d’une semaine (cinq au lieu de quatre). Les entreprises sont plus fidèles. Certaines, qui ne faisaient plus appel au groupement, sont revenues. Et le taux de CDI est passé de 10 % à 15 %.

Marc Breffeil est loin de s’en contenter. Il peaufine de nouveaux outils de formation – une sensibilisation à l’implication dans l’entreprise, associée à une démarche sécurité –, réfléchit, avec l’aide du Centre de ressources des GE des Pays de la Loire, à la mise en place d’avantages sociaux pour les salariés…

Son objectif : atteindre 50 % de CDI. « Dans l’idéal, il faudrait arriver à 100 %. Ce ne sera pas possible à cause de la très grande saisonnalité de l’activité locale tournée vers le tourisme et l’agroalimentaire, d’où un équilibre à 50 % de saisonniers. »

Mais, d’ores et déjà, il a atteint un autre objectif : celui de redonner du sens à son métier, qu’il avait perdu ces dernières années.

GE MER & VIE

• Activité : multisectorielle (156 entreprises adhérentes).

• Effectif : 73 salariés ETP.

• Chiffre d’affaires 2013 : 2,5 millions d’euros.

Auteur

  • V. Q.