Multisectoriel (c’est le premier du genre créé en France, en 1994), le GE Ile de Noirmoutier l’est autant pour répondre aux besoins des entreprises que des salariés. Sur ce territoire, les habitants ont l’habitude de changer d’activité s’ils veulent continuer à vivre sur l’île. Il n’est pas rare d’avoir deux ou trois métiers au cours de l’année : dans l’ostréiculture ou l’hôtellerie-restauration l’été, dans le bâtiment ou la sérigraphie l’hiver. Dans ce contexte, la formation est particulièrement importante pour permettre aux salariés de s’adapter à chaque univers.

À force d’envoyer très régulièrement ses collaborateurs en formation, le groupement a acquis un certain savoir-faire dans l’analyse des besoins et une bonne connaissance des organismes. D’où l’idée de proposer ses services aux salariés des adhérents. « Dans beaucoup de TPE, les plans de formation sont payés mais pas souvent utilisés, faute de service du personnel. Leurs salariés constataient que ceux du groupement se formaient mais pas eux. Nous avons donc proposé aux chefs d’entreprise d’envoyer leurs propres salariés en formation en même temps que les nôtres », indique Karine Charvillat, directrice du GE Ile de Noirmoutier. Quand cela est possible, le groupement met à disposition des deux populations une salle de ses locaux dédiée à la formation. C’est le formateur de l’organisme qui se déplace, avec un tarif négocié (moins 10 % à 15 % en moyenne), puisque les stagiaires lui sont apportés sur un plateau. Pour l’entreprise – et pour le groupement –, cela évite les frais d’hôtel liés au déplacement sur le « continent ».

Afin de susciter le réflexe formation chez ses adhérents, le groupement a réalisé un catalogue de stages correspondant à leurs besoins, avec dates et programmes. Ils le reçoivent deux fois dans l’année. Quatorze formations sont proposées dans la logistique (permis cariste), la sécurité, la bureautique-informatique, la communication, le management, l’écoconduite. Même les chefs d’entreprise ont leur stage, intitulé Manager ubiquitaire, pour les aider à mieux utiliser les outils de la mobilité (agenda électronique…). Enfin, le groupement a mis en place des formations spécifiques dans les entreprises des adhérents, sur des métiers particuliers nécessitant l’utilisation d’une machine. Dans ce cas se joignent aux salariés du groupement ceux nouvellement embauchés par l’entreprise ou des intérimaires.

C’est ainsi qu’en 2013, les adhérents ont envoyé 30 salariés en formation avec 15 salariés du groupement. « Cela démocratise la formation au niveau des collaborateurs du terrain. Mes salariés ont 40 à 45 ans, sont responsables d’une famille. Les envoyer une semaine en formation à Nantes ou ailleurs pose des problèmes. Là, il s’agit de deux ou trois jours in situ, dans un cadre qu’ils maîtrisent bien », constate Jean-Michel Pinel, directeur d’une TPE d’horticulture de neuf salariés, qui en a déjà envoyé plusieurs en formation par le biais du groupement (stages en informatique et secourisme en milieu professionnel).

Le groupement fait rémunérer ses prestations aux adhérents (location de salle, ingénierie) mais, comme les tarifs avec l’organisme sont négociés, le coût final n’est pas plus élevé que si l’entreprise avait dû gérer le départ en formation en direct.

Ces nouveaux revenus sont d’ailleurs les bienvenus dans une situation économique difficile. « Nous sommes dépendants de l’activité de nos adhérents. Notre compétence RH en formation nous permet de diversifier notre activité en dehors de la mise à disposition », estime Karine Charvillat. De nouveaux adhérents sont même venus uniquement pour bénéficier de la prestation formation, en attendant de recourir à un salarié du GE.

Au-delà de l’aspect financier, la directrice du GE voit dans le développement de la formation un moyen de sécuriser ses propres collaborateurs: « Lorsqu’on les envoie dans une entreprise qui est soucieuse de ses salariés, on sait qu’elle le sera aussi pour les nôtres. »

• Activité : multisectorielle (80 adhérents).

• Effectif : 60 salariés ETP, dont 30 en CDI.

• Chiffre d’affaires 2013 : 1,6 million d’euros.