Voilà plusieurs décennies déjà que l’expression “plafond de verre” est utilisée pour expliquer que les femmes sont peu présentes aux postes de responsabilité des entreprises. À partir d’une étude au sein de cabinets d’audit et d’expertise comptable, l’auteure, professeure à l’école de commerce rouennaise Neoma, explique que la métaphore est impropre, car elle suggère que la carrière des femmes suivrait le même cheminement que celle des hommes jusqu’au moment où elle buterait contre un obstacle invisible.

Or, selon l’auteure, la carrière des femmes est d’emblée différente de celle des hommes, et leur cheminement éventuel vers des positions hiérarchiques élevées relève d’un parcours en labyrinthe. Il a l’aspect sinueux et la complexité des constructions en dédale, les choix faits à chaque moment restreignant la diversité des options disponibles ultérieurement. La maternité présente ou future, telle qu’elle est vécue par les intéressées ou fantasmée par les autres, vient infléchir le modèle consensuel d’une carrière linéaire et constante.

La valorisation de l’implication professionnelle au détriment de tout engagement privé et personnel, telle qu’elle a actuellement cours dans les métiers de la connaissance, induit une contradiction entre les rôles de mère et de salariée, obligeant les quelques femmes qui tirent leur épingle du jeu à inventer des stratégies compliquées de conciliation entre les deux rôles, soit en restreignant leur implication de mère, soit en aménageant leur implication professionnelle, soit les deux.

Outre son intérêt purement euristique, cette étude, dont la validité selon l’auteure excède les métiers sur lesquels elle repose, devrait permettre d’éclairer les services RH sur les difficultés rencontrées par les femmes dans leur progression de carrière et, bien sûr, permettre de les prévenir ou d’en corriger les effets.

Carrières de femmes

Ioana Lupu, Vuibert, 256 pages, 26 euros.