E & C : Les Opca héritent d’une mission de contrôle de la qualité. Quel est votre point de vue sur cette question ?

C. C. : Ce questionnement présente un angle particulier quand il vise un grand groupe ayant une politique d’achats de formation très structurée.

Notre effort de formation est de 6,8 % de la masse salariale. La part autoproduite représente environ 60 millions d’euros, exclusivement en coûts pédagogiques. Notre recours au marché est de l’ordre de 58 millions d’euros. Et nous versons 0,09 % en plan à Opcalia.

Notre politique de référencement de prestataires est conjointement menée par la direction formation, la direction des achats et les clients internes d’Orange. Et elle aboutit à des contrats signés pour plusieurs années, garantissant un niveau de qualité et de prix des prestations parmi les plus compétitifs du marché.

Environ 45 prestataires sont aujourd’hui référencés, leur nombre est stable. La réduction du nombre de prestataires n’est pas un objectif en soi, car nous sommes déjà à un niveau de concentration assez optimisé, et les nouveaux métiers des télécoms sont parfois satisfaits, en termes de formation, par des prestataires de niche. Du côté du contrat de professionnalisation, nous avons un regard particulier sur le prestataire qui forme 500 jeunes sur les deux CQPT de branche – relation clientèle à distance et en point de vente – depuis janvier 2004. Cinq cents autres jeunes suivent des formations transverses auprès de prestataires locaux sélectionnés selon les règles de la branche.

E & C : Comment menez-vous ces opérations de sourcing des prestataires ?

C. C. : Qu’elles soient ponctuelles dans le cas de besoins ou de métiers nouveaux, ou régulières pour la formation récurrente, elles sont extrêmement cadrées et obéissent à une démarche d’achats en sept étapes, associant l’ensemble des acteurs concernés dans l’entreprise. Le rythme de révision est annuel, pour partie, et général tous les trois ans. 80 % des dépenses externes reposent sur ce référencement, les 20 % restants étant achetés chez des prestataires hors contrat. Ce choix de prestataires de premier ordre nous sécurise sur l’ensemble de la chaîne de développement des compétences.

Bien entendu, ceci n’exclut pas les évaluations à chaud et à froid systématiques. Notre process d’évaluation est double : à l’issue immédiate de la formation, le prestataire fait remplir une évaluation individuelle qu’il analyse et nous transmet. Quelques jours plus tard, le SI formation d’Orange envoie à chaque stagiaire une évaluation qu’il doit remplir en ligne sur les items pertinence, efficacité, qualité, time to market, format, niveau de l’intervenant, etc., et tout ceci est également analysé. Le niveau d’évaluation n’est pas variable selon la nature de la formation, il est le même pour tous. La totalité des formations sont évaluées par le formé. Et, lors d’une réunion semestrielle, un point est systématiquement fait avec le n + 1.

E & C : Devant le nouveau rôle dévolu aux Opca, quel est votre souhait ?

C. C. : Nous souhaitons que notre structure liée au panel de nos prestataires perdure. L’objectif est double : garder à la fois notre catalogue de formations externes avec nos prestataires soigneusement sélectionnés et être sereins sur le fait que la politique tarifaire mise en place avec eux sera conservée afin, globalement, de ne pas avoir d’inflation liée à la transition entre DIF et CPF ; 12 000 DIF sont réalisés chaque année chez Orange.

Nous menons actuellement des échanges entre l’entreprise, la branche et l’Opca pour organiser ce fonctionnement et pour nous entendre sur les modalités de gestion nous permettant d’encadrer ceci de la manière la plus efficace.

Dès lors, le choix des prestataires comme de l’ensemble du process de formation ne sera pas délégué à l’Opca, mais nous encadrerons ceci de concert avec lui.

J’imagine, bien entendu, que dans des entreprises de plus petite taille n’ayant pas de véritable politique d’achats de formation, cette posture sera tout autre.

• Effectifs : 165 000 salariés, dont 100 000 en France avec un peu plus de la moitié de fonctionnaires.

• Chiffre d’affaires 2013 : 40,9 milliards d’euros.