Trente ans d’une politique de préretraites bénéficiant du consensus social comme des deniers publics ne pouvaient que laisser des traces durables sur le marché de l’emploi et dans les mentalités. Ce gouvernement, tout comme les précédents, s’en rend bien compte après avoir mis d’abord l’accent sur les jeunes, et alors que les contrats de génération font un flop : le ministre du Travail veut les rendre un peu plus incitatifs et orientés vers les seniors… tout en affichant des moyens et des ambitions mesurés. Or ces actifs paient le plus lourd tribut à la crise, avec un chômage en hausse de plus de 11 % sur un an et une explosion des ruptures conventionnelles. La forte taxation des préretraites en 2008 et la suppression de la dispense de recherche d’emploi ont été des mesures douloureuses mais utiles. Sauf que la quasi-disparition des préretraites – 30 000 bénéficiaires aujourd’hui –, coïncidant avec le début d’une longue période de crise, ne pouvait à elle seule inverser la tendance. Pas plus que l’obligation faite aux entreprises de négocier sur les seniors, qui se traduit par de timides engagements de maintien dans l’emploi. L’effet de vases communicants est patent : plutôt qu’en préretraite, les seniors restent sur le marché du travail et émargent à Pôle emploi. L’approche vertueuse des employeurs qui organisent efficacement les fins de carrière apparaît d’autant plus remarquable et, sans doute, révélatrice d’une qualité globale de la gestion de leurs ressources humaines.