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LE BATIMENT LORRAIN MUTUALISE SES EMPLOIS D’INSERTION

Pratiques | publié le : 17.06.2014 | PASCALE BRAUN

Pour répondre aux clauses sociales des marchés publics, la fédération du BTP de Lorraine a constitué un groupement d’employeurs dédié au recrutement, à la formation et à l’accompagnement de personnes en difficulté.

Confrontées à l’augmen­tation des contrats “clausés” qui imposent à leur adhérents un nombre parfois élevé d’heures d’insertion, les fédérations du bâtiment et des travaux publics de Lorraine entendent transformer cette contrainte en atout. Fondé en janvier 2013, leur Groupement des employeurs pour l’insertion et la qualification (Geiq) intervient à la manière d’une direction des ressources humaines externalisée pour mettre à disposition des entreprises des personnes relevant des dispositifs d’insertion et répondant à leurs besoins de main-d’œuvre qualifiée.

Des clauses sociales mal vécues

Généralisées à l’occasion des grands chantiers de rénovation urbaine, les clauses d’insertion ont souvent été mal vécues par les employeurs. « Durant plusieurs années, nous avons subi cette obligation comme une punition. Outre la contrainte fi­nancière, nous devions accepter n’importe quel public, alors que notre métier comporte de grands risques. Il fallait que nos entreprises s’organisent pour trouver un vivier plus sélectif et répondant mieux à nos besoins de personnel formé », explique Dominique Daniel, dirigeante de la SLEE, spécialiste des réseaux secs, qui emploie 40 salariés à Guénange (Moselle). À l’occasion d’un chantier assorti de 2 200 heures d’insertion, l’entreprise s’est rapprochée des trois autres lauréats d’un lot de réhabilitation de voirie pour mutualiser les recrutements. Sélectionnés par le Geiq, deux salariés successivement employés par les différents intervenants ont ainsi pu rester sur le chantier durant douze mois, au terme desquels l’un d’entre eux a été définitivement engagé.

Créé début 2013 et opérationnel depuis six mois, le Geiq BTP Lorraine a fait valider 21 contrats de travail auprès de 12 entreprises. La structure, qui compte depuis peu deux salariés, collecte les besoins des entreprises à la fois en volume horaire de contrats d’insertion et en matière de qualification. Elle s’engage ensuite dans la présélection des candidats en partenariat avec Pôle emploi, les missions locales des quatre départements lorrains et les facilitateurs des collectivités. Le public éligible aux dispositifs d’insertion (bénéficiaires du RSA, demandeurs d’emploi depuis plus de douze mois, jeunes de moins de 26 ans, travailleurs de plus de 50 ans en reconversion ou encore personnes placées sous main de justice) compte des personnes motivées ne demandant qu’à faire leurs preuves.

Formation assurée

« Nous veillons à l’accompagnement social et à la formation des personnes recrutées. Nous n’avons enregistré aucune rupture de contrat en 2013, alors qu’en moyenne nationale on constate 30 % d’abandon en cours de contrat ! », souligne Sandrine Poncet, responsable du Geiq BTP Lorraine. Le groupement délègue la formation mais se spécialise dans l’insertion pour venir en aide aux chômeurs et exclus d’un marché du travail sinistré. Lors des appels d’offres publics, la qualité des propositions des entrepri­ses en matière d’insertion devient parfois un critère décisif. Sous l’impulsion de Michel Dinet, son président récemment décédé, le conseil général de Meurthe-et-Moselle a ainsi placé l’insertion parmi ses priorités. Subventionné à hauteur de 208 000 euros sur trois ans par les collectivités et l’Opca Constructys, le Geiq BTP Lorraine se fixe pour objectif la signature de 60 contrats de professionnalisation, d’apprentissage ou d’avenir durant cette période.

Auteur

  • PASCALE BRAUN