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Enquête

UN ACCOMPAGNEMENT AU RALENTI

Enquête | publié le : 17.06.2014 | D. A.

Pour favoriser le reclassement des salariés de l’usine de Joué-lès-Tours, Michelin a reconduit la méthode des ateliers de transition professionnelle. Mais, sur place, cet accompagnement original connaît un démarrage difficile.

Les ateliers de transition professionnelle (ATP), idée que la direction de Michelin a signée avec les syndicats du site d’Indre-et-Loire en décembre 2013, étaient très attendus des salariés. Inscrits parmi les mesures du PSE (700 suppressions de poste sur 900), mis à la disposition de tous les salariés concernés par la mobilité – externe mais aussi interne –, ils ont pour objectif de faciliter leur préparation au changement en proposant un accompagnement global, centré sur la personne elle-même et son projet professionnel. Une nécessité dans une structure où la moyenne d’âge est de 52 ans et où l’ancienneté dépasse souvent les vingt-cinq ans.

« Le principe de cette méthode est de proposer à chaque salarié un sas, une période plus ou moins longue qui permette de rompre avec le passé, de s’intégrer dans de nouveaux collectifs et, surtout, de prendre conscience de ses capacités pour les renforcer », synthétise un connaisseur du dossier.

Outre des techniques classiques de recherche d’emploi, les salariés, guidés par un consultant, sont censés s’inscrire à divers ateliers dans lesquels ils acquièrent de nouveaux repères. Le choix est large : découverte des métiers, remise à niveau en maths ou français, ainsi qu’ateliers sportifs, ludiques… Une façon aussi d’éviter l’isolement. « Dans un premier temps, les ATP doivent permettre aux salariés de se poser, de parler de la situation et d’apprendre à ne pas se culpabiliser. C’est la raison pour laquelle on y propose des ateliers de sophrologie, du sport… Ensuite, on se prépare à construire autre chose, avec des ateliers de création d’entreprise, la définition de besoins de formation, la rédaction du CV et la pratique des entretiens… », détaille Bruno Maillard, le délégué CFE-CGC du site de Joué-lès-Tours.

Une formule déjà testée

Testée il y a quelques années par Michelin à l’occasion de la fermeture de l’usine Kléber de Toul, la formule avait alors fait ses preuves. En 2010, l’équipementier automobile affirmait que 70 % des salariés inscrits dans ses ATP avaient retrouvé un poste salarié – soudeur, infirmier, technicien en génie climatique ou ambulancier notamment. À Joué-lès-Tours, d’après les syndicats, Michelin viserait les métiers de la pharmacie, du transport, du nucléaire.

Mais, dans la pratique, les choses ne se sont pas déroulées aussi simplement que la direction de Michelin, qui n’a pas souhaité nous répondre, l’avait envisagé.

D’abord parce qu’à l’ouverture de la première vague des ATP le 28 avril, les locaux dédiés se sont avérés inutilisables pour des raisons techniques. Réfugiés dans des locaux de fortune prêtés par l’Afpa, afin qu’ils ne restent pas dans l’usine où le travail de deuil aurait été rendu plus difficile, les salariés n’ont pas compris ce qu’on voulait faire d’eux. « Les ATP ont pris pendant un mois des allures de garderie », regrette Bruno Maillard. Ensuite, le processus de sélection des salariés destinés à la mutation en interne a pris plus de temps que prévu. La seconde vague de salariés en ATP, qui a démarré début juin, est donc venue se greffer sur une première cohorte où se côtoient maintenant 141 salariés en congé de reclassement et 157 candidats à la mobilité interne.

Dans ce contexte peu favorable, les choses commencent tout juste à se mettre en place. Les Compagnons du devoir et l’Afpa ont été sollicités pour dispenser les premières journées des ATP. « Nous animons deux sessions, l’une sur les automatismes en industrie et l’autre sur la logistique et l’entreposage. Ce sont des immersions d’une heure et demie, que les stagiaires peuvent choisir de poursuivre ou pas. L’objectif étant de leur ouvrir le champ des possibles en leur faisant découvrir des métiers qu’ils méconnaissent, afin qu’ils puissent développer un appétit pour une autre activité. Alors ils peuvent enclencher une formation puis une recherche active d’emploi », explique Gilles de Ferluc, le directeur du centre Afpa de Tours. Un déroulé théorique dont le succès ne s’appréciera pas avant 2015, si les salariés de Joué-lès-Tours finissent par trouver leurs marques dans cet accompagnement qui se veut sur mesure.

MICHELIN

• Activité : fabricant de pneumatiques.

• Effectifs : 23 000 salariés en France ; 900 à Joué-lès-Tours en 2013, 200 à la fin du PSE.

• Chiffre d’affaires monde : 20 milliards d’euros en 2013.

Auteur

  • D. A.