Une étude sociologique évalue l’impact, dans les sociétés participantes, du raid sportif Free Handi’se Trophy, qui associe salariés handicapés et valides.
Des équipes de quatre salariés – deux valides, deux handicapés –, une course à étapes mêlant canoë et cyclo en tandem : c’est le principe de Free Handi’se Trophy, une manifestation lancée en 2012 et dont la troisième édition vient d’avoir lieu fin mai 2014. Objectif : faire évoluer les représentations et les pratiques vis-à-vis du handicap dans les entreprises.
Pour évaluer l’impact de cette action dans les entreprises parties prenantes, une étude exploratoire a été confiée à la sociologue Claire Le Roy-Hatala. Des responsables de la mission Handicap et quatre salariés participant au raid sportif ont été interrogés dans six entreprises : Accor, Carrefour, CGI, ERDF, Humanis, Matmut.
L’étude formule trois constats. D’abord, une action comme Free Handi’se permet de « résoudre la difficile équation » entre les valeurs de solidarité et de cohésion sociale qui motivent les politiques du handicap et les valeurs de performance et de compétition à l’œuvre dans les organisations. Deuxième aspect : le raid constitue un vrai levier pour déployer la politique de handi-cap dans l’entreprise. « Les responsables handicap sont souvent isolés. Pour mettre en œuvre le raid, ils doivent mobiliser des acteurs inhabituels (logisticiens, informaticiens…), ce qui élargit leur réseau tout en valorisant les salariés », explique Claire Le Roy-Hatala. Enfin, le raid « est perçu comme innovant et ayant un fort pouvoir attractif », ce qui peut contribuer à changer les représentations sur le handicap.
Parmi les limites, révélatrices de « dysfonctionnements dans l’entreprise » : les difficultés à faire bouger les représentations à grande échelle et lutter contre « l’autostigmatisation »; le sujet n’est pas prioritaire – car pas stratégique – dans la communication de l’entreprise; l’action révèle l’importance de l’expérience et du vécu pour faire évoluer les pratiques, alors que les politiques du handicap continuent à être très centralisées et pensées autour de l’expertise.