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L’employabilité des intérimaires se renforce

Pratiques | RETOUR SUR… | publié le : 10.06.2014 | MARIETTE KAMMERER

Le FAF.TT et la région Franche-Comté ont expérimenté depuis 2102 un accompagnement global sur trois ans pour soutenir la formation et l’employabilité des intérimaires. Cette initiative vise aussi à changer les pratiques des agences de travail temporaire.

Aider les intérimai­res à monter en compétences pour décrocher des missions plus qualifiées et éviter les ruptures de parcours, telle était l’ambition du programme “1 000 parcours en Franche-Comté”, lancé en 2012 par le Conseil régional et l’Opca FAF.TT. L’autre objectif était d’impliquer davantage les entreprises de travail temporaire (ETT) dans la gestion des compétences de leurs salariés. Ce dispositif propose à des intérimaires peu ou pas qualifiés un accompagnement global sur trois ans, avec un volet social, des formations qualifiantes et des missions chez des clients. Le FAF.TT pilote l’ensemble : il finance les actions de formation sur les collectes de la professionnalisation, sur la base d’un forfait horaire de 14 euros de l’heure, et met à disposition une chargée de mission. Le budget global du programme 1 000 parcours est de 1,3 million d’euros sur trois ans, qui comprend un cofinancement du conseil régional de 100 000 euros par an.

Deux ans et demi après, 148 agences ont inscrit dans le dispositif 234 de leurs salariés, dont un tiers âgé de moins de 26 ans. La moitié de ces salariés a déjà validé plusieurs certificats de compétences professionnelles, ou un titre professionnel complet de niveau IV ou V. « En volume, l’objectif des 1 000 n’est pas atteint, mais le pilotage a fonctionné, les ETT se sont mobilisées, et les intérimaires inscrits ont été occupés sans arrêt, ce qui était notre but », souligne Marc-Olivier Jouan, responsable du département projets du FAF.TT.

Pour se lancer dans un parcours, employeur et salarié signent un engagement mutuel sur trois ans. L’ETT doit proposer au moins deux formations qualifiantes de 175 heures à 450 heu­res dans le cadre d’un contrat de développement professionnel intérimaire (CDPI). « Nous l’avons proposé à des intérimaires anciens chez nous et que nous souhaitions fidéliser en leur donnant davantage de missions », explique Corinne Chappard, chargée de mission formation à Manpower.

Formations en fonction des besoins des clients

Les qualifications sont choisies en fonction des besoins des clients, qui s’engagent à faire travailler l’intérimaire à l’issue de la formation. Manpower a formé 156 salariés dans les secteurs du BTP et de l’industrie, au métier de constructeur de voirie et réseaux et au titre professionnel de cariste en entrepôt. Ils ont suivi en moyenne 210 heures de formation et quelques-uns doivent valider un titre complet sur les trois ans. L’agence Kelly services à Besançon a formé dix intérimaires pendant cinq semaines au métier de soudeur : « Cette qualification est très demandée et les formations initiales n’existent plus, explique Sandra Martin, chargée du recrutement et de la formation. Tous ont obtenu leur agrément et doivent compléter leur parcours par une formation de géomètre-topographe, cette double compétence leur assurera des missions plus longues. »

Toutes les formations prévoient la réalisation d’un “portefeuille de compétences” : un document détaillant les savoir-faire de l’intérimaire. « Cet outil aide nos salariés à mieux se vendre auprès de certains clients, et à mieux réussir leurs entretiens d’embauche », constate Corinne Chappard.

Pour l’ingénierie de formation, les entreprises de travail temporaire peuvent s’appuyer sur l’expertise du FAF.TT. « Une chargée de mission dédiée au pilotage du dispositif monte les parcours de formation demandés, négocie les tarifs et les méthodes pédagogiques avec les organismes », explique Anne Jacquemin, déléguée Bourgogne-Franche-Comté. Cet accompagnement administratif est particulièrement apprécié des petites ETT.

Aides financières

L’autre intérêt du dispositif est notamment financier, puisque le conseil régional participe aux frais pédagogiques à hauteur de 40 %, en plus du financement accordé par le FAF.TT. En contrepartie de ces aides, les agences d’emploi doivent rendre des comptes à leur Opca tous les mois pendant trois ans. Un suivi jugé lourd et chronophage par certaines ETT.

SUIVI SOCIAL ET GPEC

L’accompagnement social du programme 1 000 parcours est assuré par le fonds d’action sociale du travail temporaire (Fastt, un fonds paritaire financé par les ETT). Chaque intérimaire remplit un questionnaire pour identifier d’éventuels « freins périphériques à l’emploi », pour lesquels le Fastt propose une palette de services à prix imbattables et mobilisables en urgence : garde d’enfants, couverture santé, location de véhicule, ou de logement. Cent intérimaires inscrits dans le dispositif les ont utilisés. « Ce diagnostic obligatoire permet une prise en charge globale dès le début, souligne Anne Jacquemin,du FAF.TT. C’est une innovation dont Pôle emploi veut s’inspirer. »

En définitive, les ETT ne regrettent pas leur investissement. Même si quelques intérimaires ont quitté le dispositif pour un CDI, la formation reste un bon outil de fidélisation : « Les salariés sont plus motivés et nos clients approuvent également la démarche, cela nous incite à mieux anticiper les besoins en compétences », indique Sandra Martin, de l’agence Kelly. Et c’est bon pour l’image. Régions et ministères suivent de près cette expérimentation ; reste à voir comment elle pourrait être généralisée.

Auteur

  • MARIETTE KAMMERER