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Enquête

PHILIPPE BOURASSIN, DRH DE L’IGR, S’INQUIÈTE DES ÉVOLUTIONS EN COURS

Enquête | publié le : 10.06.2014 | V. L.

Le DRH de l’Institut Gustave-Roussy (IGR), qui a institué depuis 2010 une complémentaire santé obligatoire pour tous ses salariés, s’interroge sur ses marges de manœuvre futures pour préserver l’attractivité de cet outil de politique salariale.

« Je gère le contrat de complémentaire santé comme un élément de la politique salariale globale. Nous avons négocié un système qui a vu le jour en 2010. Les représentants des cadres ne voulaient pas que le régime leur coûte plus cher que le contrat facultatif précédent et les autres syndicats, dont la CGT et FO, souhaitaient un système bénéficiant à tous, peu coûteux avec les meilleures garanties possibles pour les salariés les plus modestes. »

Un accord a été conclu en février 2010 avec tous les syndicats sur la base d’un régime où la cotisation est calculée pour une partie de façon forfaitaire et prise en charge quasi intégralement par l’employeur et le comité d’entreprise, et l’autre partie est payée par le salarié à proportion de son salaire. Le salarié pouvant décider de renforcer sa protection par un volet optionnel à sa charge. L’IGR emploie au total 2 634 collaborateurs, dont 1 845 techniciens et agents de maîtrise, 42 employés, 367 cadres et 380 médecins.

Une part employeur importante

Aujourd’hui, par exemple, pour un salarié célibataire sans famille, le forfait s’élève à 27,22 euros, dont 22,50 euros à la charge de l’employeur, 2 euros pris en charge par le CE, la part du salarié étant de 2,72 euros + 0,38 % de son salaire. Pour une famille avec au moins un enfant, le forfait s’élève à 49,01 euros, dont 22,50 euros à la charge de l’employeur, 2 euros pris en charge par le CE, la part du salarié étant de 24,51 euros + 0,68 % de son salaire.

« La défiscalisation de la cotisation employeur permettait un deal intéressant pour tous. En tant qu’outil de politique salariale, nous avons joué l’augmentation de la part employeur, quand on ne pouvait pas augmenter le salaire de manière générale. Aujourd’hui, cette perte d’avantage range la mutuelle au même plan que les autres leviers de notre politique salariale, et la fiscalisation de la part patronale revient sur l’équilibre que les cadres ont consenti à notre système solidaire. Si, à cotisations constantes, la sécurité sociale devait encore réduire ses prises en charge et qu’il soit attendu que notre mutuelle santé assume ce transfert de charges, j’aurais du mal à obtenir l’accord des syndicats pour augmenter les cotisations pour la même couverture qu’avant! Il est donc possible que les négociateurs préféreront une stabilisation des cotisations et la baisse des garanties. On demanderait alors aux contrats collectifs d’entreprise d’assumer le coût que le régime général de sécurité sociale n’assumerait plus. Verrons-nous se développer des régimes santé surcomplémentaires, comme c’est le cas pour la retraite ? Mais qui pourra payer une surcomplémentaire ? In fine, ce sont les salariés les plus modestes qui seront pénalisés. »

Auteur

  • V. L.