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Une expérience en passe d’être renouvelée

Pratiques | RETOUR SUR… | publié le : 03.06.2014 | ROZENN LE SAINT

En août 2013, après un long conflit social, une vingtaine de femmes de chambre travaillant pour un sous-traitant dans un hôtel de Suresnes avaient été intégrées aux effectifs du groupe Louvre Hôtels. Qui avait promis d’étendre l’expérience et d’instaurer une charte de la sous-traitance dans la foulée… Le texte a été signé le 7 mai.

Le bras de fer entre la direction et les syndicats de Louvre Hôtels s’est terminé le 7 mai, avec la signature de la charte sur la sous-traitance du nettoyage par les deux organisations représentatives du personnel, la CGT et la CFTC. Promises juste après l’internalisation d’une vingtaine de femmes de chambre des hôtels Campanile et Première Classe de Suresnes (Hauts-de-Seine), le 1er août 2013 (Louvre Hôtels comprend aussi les marques Kyriad, Tulip Inn, Golden Tulip et Royal Tulip), les négociations étaient bloquées depuis plusieurs mois.

Finalement, les syndicats ont obtenu gain de cause sur leur revendication principale : l’internalisation du personnel nettoyant des cinq principaux hôtels de la région parisienne. La direction a fini par accepter d’intégrer dans ses effectifs les 50 à 60 personnes qui réalisent le ménage des hôtels du Campanile, du Kyriad et du Première Classe de Torcy (Seine-et-Marne) le 1er novembre 2014, du Campanile de Bagnolet (Seine-Saint-Denis) et de celui de La Villette (Paris) le 1er octobre 2015. Ils rentrent tous dans les trois critères permettant l’intégration du personnel nettoyant établis par la direction, à savoir : une taille importante pour pouvoir organiser la polyvalence, un taux d’occupation stable des chambres tout au long de l’année sans effet de saisonnalité, à l’inverse de certaines régions touristiques, et un « degré de maturité des managers sur place suffisant, car ils vont passer du temps à harmoniser les organisations de travail », détaille Emmanuelle Greth, DRH de Louvre Hôtels.

Des enseignements ont été tirés de l’expérience test de l’hôtel Première Classe de Suresnes. « Nous travaillons dans un cadre strict auquel les femmes de chambre n’étaient pas accoutumées, constate la DRH. Elles avaient par exemple pour habitude de se remplacer les unes les autres de manière informelle, or notre mode de gestion est rigoureux. Nous avons dû remettre les choses à leur place, et il a fallu quelques mois pour établir cette nouvelle procédure. » Elles avaient été intégrées dans un contexte d’urgence, leur employeur sous-traitant étant à l’époque en redressement judiciaire. Cette fois, la direction a préféré prendre le temps de préparer en amont leur arrivée, de les informer sur les contraintes et les avantages, comme la participation à l’entreprise. D’ailleurs, la direction estime à 10 % le surcoût engendré par l’intégration des femmes de chambre de Suresnes dans le groupe. Alors, pour l’heure, il n’est pas encore question d’étendre l’expérience à d’autres établissements que les cinq hôtels précités.

Le groupe s’était également engagé à développer leur polyvalence : elles participent par exemple au service des petits déjeuners, en complément du ménage. En revanche, les formations aux savoirs de base de type alphabétisation, envisagées en août 2013, n’ont pas encore été amorcées.

En plus d’intégrer le personnel de ces cinq hôtels, tous les sous-traitants travaillant pour les filiales du groupe (qui représentent 40 % des établissements, 60 % étant franchisés) devront abandonner le paiement à la chambre pour passer au paiement horaire avec une pointeuse électronique et la mise en place d’un relevé hebdomadaire des heures effectuées, pour que le personnel puisse vérifier. Direction et syndicats s’accordent à dire que c’est là la principale avancée de la charte. Pour les 60 % d’hôtels franchisés, la DRH indique simplement que le texte sera diffusé de manière à les inciter à faire de même. « Avant d’être intégrées, les femmes de chambre de Suresnes étaient payées à la chambre par le sous-traitant, ce qui revenait à environ 5 euros de l’heure; c’était inadmissible. Le Code du travail va enfin être respecté », se félicite Bertrand Halbwachs, délégué syndical central CFTC.

Pas de repas

En revanche, la direction n’a pas cédé sur une autre revendication des syndicats : l’octroi d’une prime de nourriture et d’habillement. « Dans un même hôtel, le personnel intégré déjeune au restaurant de l’établissement, les sous-traitants avec leur gamelle, cela crée des différences », constate Claude Lévy, responsable de la CGT Hôtels de prestige et économiques. Car les employés de Louvre Hôtels dépendent de la branche hôtellerie-restauration et ceux des sous-traitants, de celle du nettoyage. Mais la direction souligne avoir intégré dans la charte que le statut social des employeurs devient un critère de choix dans les procédures d’appel d’offres, pour encourager les sous-traitants à améliorer eux-mêmes les conditions de travail de leurs salariés.

« La direction tenait à cette charte, qui lui donne une bonne image alors que le groupe Louvre Hôtels cherche un repreneur pour le racheter », estime encore Claude Lévy. Quoi qu’il en soit, la signature a permis de réamorcer le dialogue social. La direction s’est notamment engagée à renégocier les termes de l’accord de participation pour qu’il soit plus favorable aux petits salaires. En septembre, les négociations GPEC pourront être enclenchées dans un climat social plus serein.

Auteur

  • ROZENN LE SAINT