Briser le tabou du surmenage au travail, tel est l’objectif du gouvernement de La Haye, qui vient d’annoncer un plan de lutte intensif sur les deux prochaines années contre ce qui est devenu aux Pays-Bas « le risque professionnel numéro un » : le stress. « Un tiers des absences sur le lieu de travail pour des raisons de santé est lié au surmenage », constate le ministère du Travail, qui lance en juin sa campagne publique de sensibilisation sur ce sujet, Check je werkstress. Les premiers secteurs touchés sont la santé et l’enseignement.

Des spots télévisés et radiophoniques racontent les (mauvaises) expériences en matière de stress de personnalités connues. Un questionnaire interactif en ligne permet aussi à chacun de tester le degré de stress de son poste de travail.

Mais cette campagne est surtout le point de départ d’une vaste concertation entre les partenaires sociaux afin de renverser la donne à l’horizon mi-2015. « Tant du côté des employeurs que des salariés, des changements dans l’entreprise doivent permettre d’évoquer ces problèmes à un stade préliminaire et de prendre les mesures adéquates », lit-on dans le rapport du ministre du Travail transmis au parlement. En outre, carte blanche a été donnée à l’inspection du travail pour multiplier les contrôles dans les entreprises sur le respect des horaires et des temps de repos, ainsi que de la charge de travail incombant à chaque poste

Pour faire avancer les choses sur le terrain, un calendrier à la précision suisse va mettre la pression sur les partenaires afin d’aboutir à des solutions concrètes. Outre les changements attendus en interne dans les entreprises, l’objectif du gouvernement est in fine d’inclure noir sur blanc dans les conventions collectives les mesures à prendre pour prévenir le stress professionnel.

Le coup d’envoi des discussions entre employeurs et salariés est prévu en septembre prochain. Les travaux devront être bouclés en avril 2015. Les partenaires sociaux vont donc disposer de sept mois pour convenir des mesures nécessaires à la prévention du stress au travail. Les rencontres se dérouleront au niveau des secteurs d’activité ou au niveau régional.

Le terrain des négociations apparaît a priori semé d’embûches, sachant que les partenaires sociaux sont loin d’être sur la même longueur d’ondes. En réaction au plan d’action du gouvernement, les organisations patronales ont précisé que « le haut niveau de prestation exigé sur le lieu de travail provenait de la position actuellement favorable des employeurs sur le marché du travail ». Pour autant, les chefs d’entreprise reconnaissent « l’importance pour les salariés d’être en mesure de parler à temps du surmenage au travail dans un climat de confiance avec leur employeur. Il en va aussi de l’intérêt de l’entreprise d’être alertée en amont des situations de surcroîts de tâches ».

Pour les syndicats de salariés, le problème est tout autre. « Il y a tout simplement un nombre insuffisant de travailleurs pour un volume de travail trop important après les vagues de licenciements des dernières années », considère Wim van Veelen, conseiller en charge des conditions de travail auprès de la confédération syndicale FNV. Autre constat, « les cadeaux empoisonnés faits aux salariés par les entreprises, comme les tablettes, i-pad et autres moyens de communication, les rendant disponibles 24 heures sur 24 », constate-t-il

Pour compléter le dispositif, un site Internet dédié permettra de suivre les avancées des travaux. Un panorama des meilleures pratiques et les plus efficaces sera aussi diffusé en ligne. Pour relayer cette mobilisation vers le grand public, un événement institutionnel, la “semaine contre le stress au travail”, sera l’occasion de colloques et de rencontres interprofessionnelles.

Changements de mentalités, d’habitudes, d’outils de travail… le chantier est vaste face à cette plaie moderne du travail.