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BLUESTONE SE DONNE DEUX JOURS POUR FAIRE AIMER LES MOTS

Pratiques | publié le : 03.06.2014 | LAURENT POILLOT

Pour déculpabiliser ses salariés en délicatesse avec l’orthographe, la société de conseil en informatique a fait appel à un organisme fondant son approche pédagogique sur le jeu de société.

« Ces personnes sont revenues presque métamorphosées. Je ne m’attendais pas à un effet psychologique aussi important, car elles vivaient comme une fatalité leur faiblesse en orthographe. » Quand Laetitia Bonin, responsable de suivi des carrières à Bluestone (130 salariés), a proposé à quatre ingénieurs de les inscrire à une formation pour apprendre à faire moins de fautes à l’écrit, tout juste espérait-elle faire tomber un sentiment de culpabilité, fréquent parmi ceux qui ont toujours eu des difficultés dans ce domaine à l’école. En deux jours, inutile d’espérer un miracle, pensait-elle.

Mais la plaquette transmise par sa direction, intitulée L’Odyssée de l’orthographe, l’avait amusée. Plutôt qu’un cours classique sur la langue française, le prestataire, l’Atelier continu, proposait une formule présentielle, devant un jeu de plateau inspiré de l’univers d’Ulysse, combinant les règles de jeux de société connus (La Bonne paye, Pictionary…).

L’organisme de formation a mis plus d’un an à élaborer son produit (1 180 euros par stagiaire en interentreprises, ou bien 4 000 euros en intra). Pourquoi un jeu ?

« On a utilisé deux ficelles essentielles en formation, répond Carole Leoni, la directrice associée. On sait qu’un stagiaire retient mieux les savoirs si ceux-ci sont associés à un ressenti ou à une émotion. Pour cela, nous avons pris le parti de proposer un univers et de raconter des histoires. L’autre règle d’or était de faire tomber les réticences. Le jeu permet cela. Utilisé à bon escient, il développe la sensation de liberté et d’émulation. »

La formation commence par un autodiagnostic dans l’île des lotophages, avec cet habile parallèle : comme chez Homère, les lotos attribués aux participants sont des plantes qui, quand elles sont consommées, rendent oublieux. Pas d’eux-mêmes, en l’occurrence, mais des règles d’écriture. Dans le jeu, ces plantes sont symbolisées par des pions dont les stagiaires doivent se débarrasser tout au long d’une expédition qui, d’île en île, est rythmée par des tests individuels, à deux et par équipe.

Protégés par Athéna

Le formateur lance chaque séquence par un conte. Il enchaîne avec un cours, puis des mises au défi. Il peut jouer deux rôles : celui de perturber le cours du jeu, si les stagiaires avancent facilement, en faisant intervenir Poséidon; ou de faciliter la tâche aux stagiaires, par l’intercession d’Athéna. « Nos formatrices sont bienveillantes, mais terriblement grammairiennes », prévient Carole Leoni. L’évaluation finale est une dictée qui reprend les difficultés abordées : terminaisons, ponctuation, participe passé, modes, homophones, genre et nombre. S’en tirer avec 10 fautes est honorable, d’après Carole Leoni, qui met en avant sa formule : du présentiel et un objectif pédagogique consistant à décomplexer l’individu.

Même le support de cours laissé aux stagiaires a un côté ludique. À la fin de la formation, chacun repart avec un paquet de 56 cartes de trucs et astuces vus en stage. Pour Laeticia Bonin, « c’est un bon moyen pour garder le réflexe de s’autocorriger. Dans ce domaine, il est essentiel de ne pas revivre la même pédagogie qu’en formation initiale ».

Auteur

  • LAURENT POILLOT